Ça sera là.

Souffle de Glace sentait la douce caresse des brins d'herbes sur son pelage. L'air sentait fort les fleurs, et les nuages de pollen qui flottaient dans l'air le faisaient souvent éternuer, au point qu'il se demanda s'il n'était pas devenu allergique au pollen. Il se raisonna en secouant la tête, se disant que s'il était allergique, il ne serai déjà plus là, mais bien chez un Guérisseur. Il avait déjà vu un chat allergique au pollen, il y avait longtemps : l'image de son museau rouge vif et ses ahanements pour essayer de respirer étaient atroce. Le Guérisseur, ce jour là, n'avait pas pu faire grand chose pour le soulager, mais le lendemain la crise était passée. Le chat était parti.

Les abeilles bourdonnaient à ses oreilles tandis qu'il pliait les tiges sur son passage. Les couleurs l'assaillaient de toutes parts : le rouge des coquelicots, le jaune des pissenlits, le bleu des bleuets, le rose et le blanc des pâquerettes, le violet des violettes... Et le vert, partout, envahissant, qui attaquait ses yeux encore trop habitués aux bleu, blanc et noir de l'hiver.
Cela faisait de nombreuses lunes que le mâle à la fourrure blanche ne s'était senti aussi heureux. Depuis qu'il était avec sa mère, plus précisément. Avant qu'elle ne l'abandonne. Cette pensée parvint à peine à assombrir les couleurs gaies de sa joie.
Ctte joie n'était pas due à la saison des feuilles nouvelles, encore que celle-ci vint s'unir à son bonheur pour le rendre encore plus grand. Là, au milieu des fleurs, il se sentait capable de tout.

Les fleurs...

Chaque image le faisait sourire intérieurement.

Il était amoureux.

Amoureux de la plus belle chatte du monde. Il s'arrêta un instant pour essayer de réfléchir sans avoir à l'esprit l'image de Fleur de Lys. Il se dit que, peut-être, ce n'était pas la plus jolie. Il avait vu plusieurs chats qui trouvaient leur compagne plus belle que tout, dont une qui était défigurée par une longue balafre qui lui déchirait l'oreille et lui ouvrait la gueule en une grimace horrible.

Non, Fleur de Lys n'était pas la plus belle. Plus belle, il y avait, par exemple, dans le Clan de...

Il s'ébroua pour chasser ses réflexions qui ne le menaient nulle part. La femelle à laquelle il venait de penser était très belle, certes, mais il n'avait jamais osé l'approcher et encore moins lui parler. Et de toutes façons, elle ne l'attirait certainement pas comme Fleur de Lys.

Il était parti en "reconnaissance", pour dégager le terrain. qui n'avait pas besoin d'être dégagé. Il voulait qu'elle vienne voir cet endroit — avec lui. Les plaines de fleurs n'étaient jamais plus belles que pendant la saison des feuilles nouvelles. Et il était certain qu'elle n'était jaProxy-Connection: keep-alive
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is, en aucune saison, venue là.

Il ne pensait presque plus qu'à elle depuis qu'il l'avait quittée, aux grands pins du Clan du Tonnerre. Et il n'avait jamais autant apprécié la vie que depuis qu'il l'avait rencontrée. Les fleurs —il sourit en repensant à elle— étaient plus belles, les odeurs plus délicates, les sons plus doux, les Bipèdes plus loin... son pelage même lui semblait plus roux, comme si Fleur de Lys avait déteint dessus.

Il était amoureux.

Et, il le savait, elle aussi l'aimait.