Don't let me alone, this night..

Souffle de Glace maudit le temps qui l'avait surpris si loin d'un endroit abrité. Et si près de la Grotte Obscure. Pourtant, il le savait, qu'il allait pleuvoir ! Les nuages d'un gris sombre l'avaient prévenu ! Mais non, il avait quand même voulu aller chasser, orgueilleux et fier. Et il se retrouvait, trempé, à marcher sur une pierre humide et glissante, qui pourtant parvenait en même temps à lui écorcher les coussinets. Quel imbécile il était.

Il s'ébroua en grelottant et alla se serrer dans un coin qui avait l'air un peu plus sec qu'ailleurs. Qui en avait juste l'air. Cette grotte était un enfer glacé et humide. Le solitaire se releva et alla tourner autour d'une stalagmite pour se réchauffer. Pendant ce temps, ses yeux s'accoutumaient progressivement à la lumière. Ou plutôt à l'absence de lumière. Un enfer froid, mouillé et plongé dans une nuit perpétuelle. Il soupira. Un éclair lointain le fit sursauter. Le vent forcissant apportait l'orage. Au bout de quelques instants, le tonnerre gronda puissamment, faisant trembler le sol sous les pattes de Souffle de Glace. Quelques petits cailloux roulèrent jusqu'à lui. Une brusque bourrasque s'engouffra dans la grotte, entrainant avec elle une énorme vague de pluie. Le chat noir et blanc n'eut pas le temps de s'abriter ; il se retrouva encore plus trempé que quand il était encore dehors. Il rappliqua vers le fond de la grotte et se retourna pour continuer à observer l'extérieur de loin.

Un grondement le surprit : il venait de derrière lui. Terrifié, Souffle de Glace se retourna. Un blaireau ? Ici, dans la grotte obscure ? Même un blaireau n'aurait pas pu vivre là. Il s'était peut-être abrité de la pluie, comme lui ? Le solitaire se dit qu'il valait mieux retourner sous l'orage, quitte à tomber malade après, que mourir contre un blaireau. Il commença à reculer doucement, s'attendant à tout moment à voir surgir le mammifère de l'obscurité. Le grondement revint, quelque peu affaibli. Le blaireau s'éloignait ? Involontairement, Souffle de Glace déplaça une pierre d'un mouvement de sa patte. Le roulis résonna un peu avant de s'arrêter. Et le solitaire comprit, juste avant d'être de nouveau balayé par la pluie.

Il retourna dans le fond de la cavité en maugréant. Terrifié par un simple écho ! Et à nouveau trempé. Comme pour lui refaire la mauvaise plaisanterie qui avait si bien marché, le tonnerre déchira la pluie et revint en écho vers le solitaire. Souffle de Glace voulut ricaner, mais il claquait des dents. Un peu triste, il se demanda ce qu'aurait pensé Fleur de Lys en le voyant ainsi.

Il s'arrêta de respirer. Il avait entendu quelque chose. Encore un écho. Le tonnerre ? L'écho revint plus faiblement. Souffle de Glace tendit l'oreille ; le tonnerre ne parlait pas. L'écho disparaissait sous le bruit de la pluie. Le solitaire courut vers le fond de la grotte pour mieux entendre avant que l'écho ne s'éteigne.

— Éééé... iii… aaa… èèèè… uuun… èè-un... un…

Il frissonna. C'était un chat, cela ne faisait aucun doute. Mais aucun chat ne s'amuserait à crier ainsi dans la grotte. Il y avait un problème.

Prudent, Souffle de Glace s'avança doucement. L'orage lui faciliterait peut-être finalement la tâche : les éclairs chassaient furtivement l'ombre et lui permettaient de voir où il marchait. Le solitaire s'enfonça dans l'obscurité.