Rivière.

Invité

Remous délicat à la surface de l’eau. Au millieu des tourbillons et des remous tumultueux coincés entre les pierres énormes qui jonchent le lit de la rivière, une silhouette fine se déplace. La tête hissée à la surface pour capter l’air, les pattes battant vaillamment l’onde translucide, la gueule refermée sur une truite plutot fine pour la saison, la guerrière avance, poussée par le courant. Elle apperçoit, devant elle, un tronc d'arbre couché, surplonbant la rivière d'une dizaine de centimètres à peine.

*Parfait*

Ses pattes arrêtent de battre l'eau, elle se laisse porter par le courant. Plus que quelques mètres et le tronc seras à portée de saut. Elle prépare ses muscles, connaissant d'avance la choc que son corps fin et musclé va connaître quand ses griffes tranchantes se planteront dans le bois. Elle ne quitte pas des yeux le tronc. Plus que trois mètres. Deux. Un. Ses pattes jaillissent de l'eau, projettant une mirriade de goutelettes qui étincellent, reflection de la lumière solaire de cette matinée. Si ses coussinnets effleurent le bois humide, ses griffes, elles, s'y plantent dedans. Et ce fut le choc. Le courrant qui la poussait tranquilement tout à l'heure s'était fait coup de poing. L'eau lui battait le bas du corps, entrainant ses pattes posterieures vers l'avant, martellant ses reins de coups aqueux. Ses griffes plantées dans le bois creusaient des sillons profonds, toujours plus bas. Elle souffla par le nez et tira de toute ses forces pour s'arracher à l'étreinte glaciale du courant. Quand elle arriva enfin sur le tronc, elle s'autorisa une petite pose. S'ébrouant, chassant l'eau de son pelage dense, elle laissa le soleil la réchauffer de ses rayons. Elle s'alongea sur le tronc pour reprendre son souffle et ferma les yeux. Elle laissa l'air de la forêt du clan lui apporter ses odeurs matinales, ses fumets de proies et d'herbes mouillées, ses senteurs de menthe poivrée venant des plaines, de campagnols téméraires, de feuilles mortes et d'autres odeurs familières.

Bruine Lointaine rêvassait, donnant raison à son nom. Allongée sur un rocher au soleil, elle contemplait pensivement les remous de lumière liquide qui passaient dans le lit de la rivière, transpercés par moments par les flèches argentées des petits poissons que l'on ne chassait pas, car trop petits. Les multiples reflets du soleil projetaient des vagues de lumière sur les rochers et son pelage tricolore.
Une feuille un peu roussie, voletant au hasard, vint se poser sur la parcelle d'eau qu'elle regardait sans voir. Cela la tira de ses songes, et elle pensa avec une certaine mélancolie que la saison des feuilles mortes arrivait.
Quelque fois, lorsque la neige recouvrait plus tôt de d'habitude la forêt, mais qu'elle laissait des places qui dévoilaient les feuilles brunes et rousses dessous, Bruine Lointaine se fondait parfaitement dans le paysage : son poitrail blanc imitait la neige, et ses taches rousses et noires semblaient la terre et les feuilles d'automne. Elle restait alors longtemps sans bouger. Les proies, ne la voyant pas, venaient gambader une dernière fois à côté d'elle, avant la saison des neiges — des vraies neiges, celles qui recouvrent tout.

Un chat passa dans l'eau, une truite dans la gueule, qu'elle ne vit d'abord pas. Puis l'information atteignit son cerveau et elle sursauta. Intriguée, elle suivit des yeux la course du félin. Il s'agissait de Double Écume, lui rappela sa mémoire.
La femelle s'accrocha à un tronc d'arbre et Bruine Lointaine la regarda se débattre pour s'extraire du courant sans intervenir. Double Écume ne courait aucun danger, les chats du Clan de la Rivière ne faisaient qu'un avec la Rivière, et la Rivière était leur amie.
Elle la vit s'allonger sur le tronc et décida de s'approcher.

Elle sauta prestement de rocher en rocher pour finir par se poser sur le tronc, à quelques longueurs de queue de renard de la guerrière.

— Double Écume ! appela-t-elle.

Elle inclina légèrement la tête pour la saluer, puis vint s'allonger à côté d'elle.
Elle avait besoin de compagnie, elle s'en rendit compte alors. Depuis quelques temps, elle essayait d'être seule, et finalement ça ne lui plaisait pas.

Invité

Les narines dilatées par la chasse matinale, la femelle sentit une odeur plus forte -donc plus proche- que les autres. Elle déposat sa truite sur le tronc pour que son odorat ne soit pas emputé par l'odeur aqueuse de sa proie. Fermant les yeux, elle se mit à visualiser le monde autrement que par la vue. Elle capta des effluves lointaine du clan mais une odeur plus proche. Laissant l'ouie prendre le relai, elle entendit sous le tumulte de la rivière en dessous d'elle et le bruissement des feuilles au dessus des pas feutrés que seuls les prédateurs créent. Elle ouvrit ses yeux vairons et distingua une silhouette féline progresser avec aisance sur le bord de l'eau. Son pelage blanc et marron tranchait avec le gris rocailleux des rochers empilés au bord de l'eau par la décrue torrentielle du printemps, celle qui suit la fonte des neiges. Des images d’eau débordant de violence se déversant à toute allure entre les pierres, arrachant les arbres, déversant son flot de boue et de neige fondu dans la rivière dégelée. Elle revoyait, ressentait mentalement, la morsure de l’eau froide sur les minuscules animaux flottant parfois un surface, avant de replonger pour nourrir cette prédatrice cruelle qu’est la rivière. Une voix la tira de ces pensées, de ces souvenirs.

« Double écume !

Elle releva la tête, qui s’était abaissée durant sa rêverie. Ses yeux vairons se reposèrent sur le félin qui avait progressé jusqu’à elle depuis qu’elle l’avait aperçut sur les rochers. La guerrière de la Rivière – ce que clamait son attitude calme à proximité de l’eau si l’odeur n’avait pas suffit à convaincre la lieutenante de la rivière- la salua brièvement de la tête. Double Ecume lui rendit son salut d’une brève inclinaison des oreilles. Elle cligna des yeux rapidement en détournant la tête vers le cours d’eau coulant sous ses pattes. Elle se laissa rapidement bercer par les mouvements hypnotiques de l’onde. Elle se plongeât dans la contemplation d’un tourbillons, puis son regard papillonnât vers un barrage créé par un amoncellement de pierres accumulées là par la force du courant.

[je n'ai aucune inspiration en ce moment, désolée pour la courtesse du RP u__u]

La femelle tricolore respecta le silence de son Lieutenant et vint s'allonger près d'elle. Suivant son regard, elle observa à son tour les pierres qui effleuraient la surface mouvante du cours. Une chose étrange, rouge, noire et blanche, un peu écrasée, probablement jetée négligemment dans la rivière par des Bipèdes, flottant à la surface, fut plaquée par le courant contre ces pierres et y resta coincée, n'étant pas aussi agile et souple que l'eau qui passait au dessus.

Le vent froissait la surface, lisse sans lui, et la rendant presque opaque. Il ébouriffait par l'arrière le pelage des deux chattes, et Bruine Lointaine sentait la chaleur dégagée par Double Écume.

(désolée, pas le temps, et pas non plus d'inspi, je reviens tout à l'heure 8S)