The Dope Show. [ PV ]

« The living-dead awake, the horror show begins. »
« Pull the Curtain, Sum 41. »

La plaine. Vaste étendue de terre recouverte d’herbe rase et où gambadent les lapins. Concept à revoir par ici, puisque la boue avait décidé d’élire domicile en ce lieu où pullulaient les proies de toutes parts. Et dans cette étendue quasi désertique, une personne, un chat de belle taille, lieutenant de son Clan, qui râlait tout bas.

Croc de Loup, le chat, avait quitté il y a quelques heures le campement de son Clan, partant en petite expédition de chasse pour remplir leur garde-manger qui tendait en s’amenuisant singulièrement. Il était parti de son propre chef, n’attendant pas que la meneuse monte des expéditions, expéditions qu’il avait d’ailleurs monté à l’avance puisqu’elle ne comptait pas le faire. Tout ce qu’elle sait faire, c’est se trémousser devant tout le monde en tentant d’agrandir sa taille de puceron. Quoiqu’elle semblait s’être calmée depuis qu’il l’avait envoyée chier, lui reprochant son activité flagrante en tant que chef, lui refourguant tout sur les épaules et faisant plus de cas d’un bête rêve que du futur de son Clan qui dépérissait sous les ordres débiles qu’elle distribuait. La petite semblait maintenant s’intéresser à son Clan et tentait de monter des patrouilles, seule, sans lui demander son avis, ce qui pour une fois le changeait agréablement. Le fait qu’il lui ait dit qu’il n’hésiterait pas à la tuer comme elle avait tué Etoile Dansante, pour l’avenir de son Clan, semblait lui avoir remis les idées en place. Et peut-être qu’au final, elle ne ferait pas une meneuse si pitoyable. Il esquissa un sourire ironique, continuant de marcher dans la boue, décollant ses pattes de l’étendue visqueuse sans se préoccuper de l’eau gluante lui collant aux pattes, cherchant de la nourriture tout en patrouillant. Il finit par jeter son dévolu sur un lapin qui eut l’étourderie de passer entre ses pattes, et se mettre à courir droit devant lui, le faisant démarrer silencieusement en trombe.

Croc de Loup accélérait le pas, coursant le lapin, prêt à l’attraper. Cette sale bête ne lui échapperait pas. Ses pattes martelaient la boue en silence, il sentait le vent dans ses poils et sur sa truffe, et l’envie de la course le prit brusquement. Il accéléra encore plus, d’une foulée athlétique, rattrapant peu à peu la bestiole qui courait en zigzag pour lui échapper. Mais il est difficile d’échapper à un chat qui court depuis toujours dans la gadoue du Clan de l’Orage. D’un bond souple, le chat atterrit sur le lapin et planta ses crocs dans sa jugulaire, mettant fin à sa vie sans douleur. Une bonne chose de faite, ce lapin serait parfait, il était de plus dodu à souhait. Attrapant l’animal par la peau du cou, il se redressa de toute sa taille, observant l’endroit où il se trouvait. Plat, boueux, la plaine quoi. Il se remit en marche, hésitant entre faire demi-tour ou continuer sa route. Optant finalement pour la dernière option, le lieutenant prit la direction des marécages, endroit plus boueux encore que la verdoyante plaine. Verdoyante, ou pas. Les marécages étaient très connus chez les Clans, non pas pour le gibier de fou qu’on y trouvait – après tout, le régime aux cuisses de grenouilles ne convient qu’à Champi XD – mais pour sa facilité d’accès. Comme il n’était pas bourré de proies et qu’en général, les gens n’aiment pas barboter dans la gadoue, les marécages n’étaient pas extrêmement surveillés. Erreur fatale. Les guerriers ennemis n’hésitaient pas à passer par cet endroit putride et nauséabond pour avoir accès à la prairie boueuse où il se trouvait, pour chasser le plus de proies possible et revenir chez eux, acclamés comme des héros. Bande de bâtards, qui osaient leur ...

Swiiiip ... BLAM.

Il n’avait pas regardé où il allait. Et il avait posé la patte sur une jolie petite flaque de gadoue bien glissante, qui le fit s’étaler de tout son long. Avant de comprendre ce qu’il lui arrivait, il mélangea le haut et le bas. Sa tête heurta durement le sol et il se retrouva couvert de boue de pied en cap. Fermant les yeux et la gueule pour ne pas avaler de la boue et s’aveugler, il laissa la gravité reprendre ses droits, attendant patiemment que son cerveau cesse de jouer du carillon comme pour la messe de minuit à Noël. Quand sa tête daigna cesser de sonner, il se releva en maugréant, puis finalement en riant. Couvert de boue, il s’assit, méconnaissable sous cette couche de crasse. Son hilarité passée, il finit par se relever pour s’ébrouer, envoyant de la boue voler tout autour de lui. Sentant une odeur, il se hérissa légèrement et se retourna, avant de reconnaître la senteur du Clan de l’Orage. C’était un confrère. Non, une consœur, puisque c’était Songe Mystique, la misanthrope blasée du Clan de l’Orage, qui avançait d’un pas tranquille vers lui ... Il redressa les oreilles et se rassit, récupérant d’une patte le lapin intact qui avait échappé au massacre boueux.

« Bonjour, Songe Mystique. »

« Bonjour, Songe Mystique. »

Pourvu qu'il ne me pose pas de questions sur mon emploi du temps

[ Désolée, j'ai un accès de flemme, ça se voit ._. ]

Oui, c’était bien Songe Mystique, qui avait l’air absolument ravie de le voir. Ou pas. Faudra t’y faire, le lieutenant est partout, bwahah. Se secouant une nouvelle fois pour faire voler les résidus boueux restants – sans éclabousser sa consœur, quel galant ! – le chat se redressa à nouveau. La chatte n’était pas très expressive, comme à son habitude. Bien, il s’en contenterait alors, puisqu’il le fallait. Parce que le gentil lieutenant n’est pas homme – pardon, chat – qui force les autres à parler quand ils n’en ont pas envie. Sauf son éventuel apprenti, qu’il n’avait pas pour le moment, dieu soit loué. Nuage de Faucon était très gentil, mais très collant, surtout, et débordant d’énergie aussi. Et en plus de ça il le vénérait, eh merde. Bon, revenons à nos moutons, voulez-vous ? Parce que, pas de bol, le chat comptait bien connaître l’emploi du temps de la guerrière sous ses ordres.

« C’est rare de te voir de par chez nous. Tu patrouilles beaucoup, on dirait. »

Pique numéro un. Je ne critique pas, je constate, évidemment x). Le lieutenant fit un sourire compréhensif à la guerrière.

« Je comprends que tu ais besoin de solitude, mais le Clan trouve à redire à ton attitude. Tu n’es jamais là, tu ne rapporte pas de proies, tu viens pour manger et dormir puis tu repars. Ce n’est pas ça, la vie en Clan. Ressaisis-toi, Songe Mystique. »

Il s’éloigna du tas de boue, son lapin dans la gueule, pour aller s’installer face à la guerrière. Se rasseoir, plus précisément, entourant ses pattes de sa queue. Le sous-entendu de sa phrase précédente était compréhensible du commun des mortels. En gros, si elle ne se ressaisissait pas de suite, qu’elle ne montrait pas qu’elle faisait partie de ce Clan, eh bien, le Clan se passerait d’elle comme elle se passait actuellement de lui. En gros, Croc de Loup – parce que bon, Etoile de Larmes, n’en parlons pas uu’ – se verrait dans l’utilité, pour le bien du Clan de l’Orage, de renvoyer cette guerrière qui ne foutait rien. Elle deviendrait une solitaire, et sa pitance et son dodo, elle les trouverait ailleurs que dans le campement. Point, à la ligne.

« Tu n’as jamais voulu ... Avoir un apprenti ? »

Histoire de t’intégrer un peu plus dans le magnifique Clan que nous formons et auquel tu appartiens encore, mais pas pour longtemps si tu continues tes conneries. Hinhin.