« Can I surrender ? » First post for FawnStar.

Can I surrender ?
« Everybody's got their problems,
Everybody says the same thing to you.
It's just a matter of how you solve them,
And knowing how to change the things you've been through. »
The Hell song - Sum 41.

First post for a FawnStar.

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« Tout le monde a ses ennuis,
Tout le monde te dit la même chose.
La question c'est seulement de savoir comment tu les résous,
Et de savoir comment modifier ce que tu as mal fait.
Je sens que j'arrive à réaliser,
Comme la vie peut être rapidement compromise.
Je fais un pas en arrière pour voir ce qui se passe,
Je ne peux pas croire ce qui t'arrive.
Ce qui t'arrive.
C'est juste un problème que nous affrontons,
Ne suis-je pas le seul qui haïsse le fait de soutenir quelqu'un.
Les complications se sont achevées sur cette ligne avec
Toutes ces images qui courent dans mon esprit.
Sachant les conséquences interminables, je me sens inutile.
Reviens, recule comme moi, je ne peux pas croire.
Une partie de moi n'est pas d'accord parce que je ne sais pas si c'est certain.
Tout à coup, tout à coup je sens que je prends de l'assurance.
Mais que sommes-nous supposés faire ? »

The Hell Song (traduction) - Sum 41.

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Comme à son habitude, Reflet d'Epines arpentait les dunes, unique spectateur du ballet sauvage qui se jouaient entre les grains de sable. Il déambulait au petit trot, escaladant les montagnes claires puis les faisant s'effriter en descendant lentement, tentant de ne pas céder à l'envie de courir qui le prenait. Le temps était chaud, pour ne pas changer, et les proies étaient de plus en plus rares dans ce territoire aride, entre l'arrivée de l'hiver et l'inhospitalité des terres sableuses qui constituaient les terrains de chasse du Clan des Dunes. Aussi il était étrange de voir un chat vadrouiller seul dans les dunes, vu qu'il n'y avait pas de bête à attraper. Mais Reflet d'Epines était différent des autres chats, et il s'exilait dans les monts sableux dans l'unique but de faire le vide dans ses pensées. Trop de chose se bousculaient en lui, comme habituellement. La discussion qu'il avait eut avec Petite Aile, la promesse qu'il s'était faite, et comme toujours, la mort de Rose Arctique. Nostalgique et radoteur. Etrangement, il trouvait un réconfort à se rendre à l'endroit où il avait découvert le corps ensanglanté de son aimée, ainsi que celui d'une meneuse précédente. Le vent avait emporté toute trace du drame qui s'était déroulé là-bas, mais Reflet d'Epines n'avait aucun mal à retrouver l'endroit. C'est un petit creux entre les dunes, où il y avait à peine la place pour se battre. L'affrontement avait dut être dur, bien que les félins du Clan des Dunes soient habitués à se battre sur un sol meuble.
Le félin tigré ne se souvenait que trop bien de la découverte des chats. Etoile Fauve, alors lieutenant, l'avait emmené en patrouille avec un certain Ruisseau d'Eté. Et ils avaient cherché, avant de trouver cet endroit. Où Epines s'était évanoui. A y repenser, il trouvait cela étrange qu'on ai pu le ramener, alors qu'il y avait deux corps, trois avec lui, et qu'ils n'était que deux. Mais il était resté longtemps inconscient, ils avaient très bien pu faire l'aller retour.

Arrivé dans le petit creux, Reflet d'Epines s'assit, fermant les yeux. La douce caresse du vent le berçait, l'odeur du sable mouillé - le lac était tout proche - montait jusqu'à ses narines dans un subtil mélange avec la senteur des oyats et des roseaux, seuls végétaux survivants dans ce monde aride. Il aimait cette odeur et la solitude que lui procurait les dunes, à des lieues de l'agitation permanente du Clan. A toute heure du jour ou de la nuit, il était impossible d'être seule, entre les patrouilles qui arrivaient et repartaient, et les félins qui montaient la garde de nuit, prêts à hurler si un Clan adverse s'avisait d'attaquer. Ce qui ne manquerait pas d'arriver avant la fin de la saison. Le Clan de l'Orage louchait sur leurs terres au climat plus attrayant que le leur, et le Clan de la Source n'aurait pas craché sur la luminosité de leur territoire. La vie était dûre dans la forêt pour tout autre Clan que celui de l'Orage. Ce dernier avait moult proies et exceptés les points d'eau boueux, leur territoire était tout à fait hospitalier. Ces pensées firent soupirer le mâle tigré. Etoile Fauve devait avoir du mal à gérer le Clan. Il se promit donc de s'occuper de son apprenti, si elle en prenait un. Lui, on lui avait destiné Petit Buisson. Il aurait bien aimé avoir Petite Aile, qu'il appréciait. Elle lui ressemblait. Même caractère, même réactions envers les autres. Un sourire se dessina sur les lèvres du félin.

Il finit toutefois par se relever et ouvrir lse yeux, s'étirant avec élégance. Une odeur nouvelle vint chatouiller ses narines. Un félin. Ou plutôt une féline. Il reconnut l'odeur d'Etoile Fauve quelques instants avant qu'elle n'apparaisse au sommet d'une dune. Elle dut le voir car elle s'approcha de lui. Il appréciait la meneuse, pour son courage et sa noblesse, d'abord, et ensuite parce qu'elle lui avait offert une nouvelle raison de vivre en lui confiant l'entraînement de Nuage Harmonieux, devenue Harmonie Céleste. La guerrière était respectée et appréciée, et le chasseur tigré se félicitait de cette réussite.
Lorsque la femelle au poil fauve l'eut rejoint, il la salua à mi-voix, poli et bref. Il n'aimait pas parler, et elle avait sûrement conscience du privilège que c'était de pouvoir échanger quelques mots avec l'Epines. Mais il appréciait Etoile Fauve, et il avait décidé d'améliorer leur relation. En étant plus bavard, notamment. Aussi il se força à marmonner quelques mots :

« Comment vas-tu .. ? »

Ce n'était pas le comble de la diversité, mais il avait parlé, c'était déjà ça.

>> Seul, comme d'habitude. Il était tout seul quand il avait quitté le camp, et éternellement silencieux. Il était toujours silencieux depuis la mort de Rivière Arctique. Toujours seul.

Il n'était pas méchant, ça non. Mais il vivait continuellement dans le passé, passant sa vie à regretter les êtres chers qu'il avait perdu. Alors il ne parlait à personne, ressassait la moindre pensée noire...Les seules personnes à qui il avait adressé la paroles depuis la mort de sa bien aimée étaient son ancienne apprenti, Harmonie Céleste, Petite Aile, la gamine qui lui ressemblait tant, et Étoile Fauve elle même. Les autres n'avaient droit qu'à des monosyllabes, des regards, ou rien du tout.

La meneuse n'aimait pas voir le tigré seul et elle l'avait suivi. Oh, certes, elle avait bien du travail, entre les apprentis, les guerriers, les patrouilles, les petits, les ennemis qui n'auraient pas craché sur une parcelle de leur territoire chaud et sec... Mais elle avait prit le temps. Confiant la direction du camp à son lieutenant, elle avait organisé les patrouilles pour la journée puis avait suivit la piste de son camarade d'apprentissage. Au début, c'était difficile, car le sable ne retenait que peu les odeurs et des centaines d'empreintes s'entrecroisaient à l'entrée du camp. Puis, elle avait réussi a retrouver l'odeur qu'elle cherchait, et s'était lancée sur les traces de Reflet d'Epines.

Le silence était totale, comme d'habitude. On entendait le vent, certes, mais jamais bien fort. Pas d'oiseaux, pas de rongeurs, pas de créatures bruyantes. Pas de proies, au grand dam de la chef. Mais elle n'était pas ici pour chasser, de toute façon. Évitant soigneusement la trace laissée par une vipère des sables -ces affreuses bêtes couleur crème qui se cachaient dans les oyats pour jaillir en sifflant sur le félin imprudent- la femelle fauve gravit encore quelques mètres et se retrouva au sommet d'une petite comble sableuse. IL était là, son guerrier. Des qu'elle avait vu la direction prise par les empreintes de Reflet d'Epines, elle s'était doutée de sa destination. L'endroit de la mort de Rivière Arctique, Nuage du Nord, et Étoile Céleste. L'espace d'un instant, le cœur d'Etoile Fauve se serra et son pelage gonfla quelque peu avant de reprendre un volume normal.
Étoile Céleste... Sa mort avait été un choc. Le corps gris et blanc de la meneuse, maculé de sang, flotta quelques secondes devant les yeux de la meneuse. Étoile Céleste, son modèle, son ancienne mentor, sa chef, étendue dans le sable, au côté de la douce Rivière Arctique et du gentil Nuage du Nord. Une chef, à côté d'une amie et d'un jeune prometteur. Étoile Céleste remplissait à merveille ses fonctions. Rose Arctique était la chatte la plus géniale qu'avait connue Étoile Fauve. Et Nuage du Nord, intelligent, gentil, fougueux, léger...Il se serait nommé Vent du Nord, aurait eu une grande destiné peut-Il faisait des efforts, ça se sentait. Étoile Fauve était heureuse que ce soit à elle qu'Epines adresse ces mots Ô combien rares.

Secouant la tête, la meneuse fit un pas en avant et Reflet d'Epines se tourna vers elle, la salua. Elle le rejoint ensuite et s'assit prés de lui, leurs fourrures se touchant presque, et contempla en silence le lieu ou son mentor, son amie, et un jeune du Clan étaient tombés. Puis, chose très inhabituelle, le guerrier brun prit la parole.

-Comment vas-tu .. ?

Il faisait des efforts, ça se sentait. Étoile Fauve était heureuse que
ce soit à elle qu'Epines adresse ces mots Ô combien rares et ses babines s'étirèrent en un demi sourire.

-Hé bien...Si on oublie ces poules mouillés du Clan de la Source et ces traînées de boues brunes du Clan de l'Orage qui risquent de nous innonder de leur humidité dans pas longtemps, les apprentis qui couinent, les anciens qui ont toujours soif, ça va plutôt bien.

Le vent se leva soudain, faisant tournoyer une colonne de sable devant eux. La chef plissa les yeux, habituée à recevoir du sable dans ses prunelles vertes, et attendit que sa passe, puis secoua un peu sa jolie fourrure rase pour en chasser les grains blancs. Son attention se reporta sur le guerrier.

-Mais toi, comment vas-tu ?

En ce lieu funeste, il y avait plus de soucis a se faire pour Reflet d'Epines que pour elle. Depuis longtemps, elle avait fait son deuil. Pas lui.

I just want forgot.. But I can't.
« Si j'avais su qu'un jour, en te voyant, je tomberai amoureux, j'aurai fermé les yeux.. »

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« Souvent, je rêve.
Je rêve que la neige brûle ardemment ;
Je rêve que le soleil glace doucement ;
Je rêve que les hommes ont fait la paix ;
Je ne rêve que de l'impossible.

Un jour, j'ai rêvé que tu revenais. »

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Il leva les yeux vers elle. Elle souriait à demi, amusée, et lorsqu'il parla, elle répondit immédiatement, parlant pour eux-deux l'espace d'un instant. Puis elle se tut, alors qu'un zéphyr, naît à l'instant, soulevait un tourbillon de sable devant eux. Il repartir dans sa contemplation des grains, frêles et graciles protagonistes du ballet qu'ils jouaient devant eux. Leur danse était magique, aussi éphémère qu'élégante, et le il avait conscience du privilège qu'il avait de pouvoir admirer ce spectacle. Silencieux, respirant lentement, il observait. Puis le vent se retira, retenant son souffle comme pour attendre que l'un des deux félins brise le silence qui s'était à nouveau installé. Ce fut Etoile Fauve qui s'employa à cette tâche, épargnant à son compagnon la difficile besogne que de trouver un sujet de conversation.

« Mais toi, comment vas-tu ? »

Il eut un bien amer sourire. Elle n'ignorait pas la particularité de l'endroit où ils se trouvaient, outre le fait que le vent y soufflait de temps à autre, et il devinait que la sombre réputation que son amitié avec Petite Aile lui faisait avait du monter jusqu'à elle. Il resta un instant le regard perdu dans le vide, réfléchissant. Pouvait-elle seulement le comprendre ? Il en doutait. Elle avait fait son deuil, contrairement à lui, et la douleur quasi-constante qui enserrait la poitrine du félin devait lui être inconnu.

lui murmura une petite voix intérieure. Il releva les yeux, les planta dans ceux d'Etoile Fauve. Les prunelles du félin tigré étaient belles. D'un vert profond, sombre, elles reflétaient toute la douleur et la tristesse du monde. Elles étaient ternes depuis désormais longtemps, et même Harmonie Céleste n'était pas parvenue à les faire briller à nouveau.
Il resta un instant à contempler les yeux verts de son interlocutrice, puis il murmura :

« J'ai mal, Etoile Fauve. Cela fait de nombreuses lunes, mais il y a toujours cet étaut qui me serre les côtes, ces souvenirs qui me hantent.. Lorsque je fermes les yeux, je vois toujours son corps ensanglanté, son poil emmêlé et terni par le sang.. Certes, il y a eut Harmonie, certes, il y a désormais Petite Aile.. Mais je ne parviens pas à guérir. Mon coeur est resté prisonnier de mes souvenirs.. »

Triste complainte que celle d'une âme à l'agonie, d'un esprit torturé inlassablement par ses démons. Il s'était contenté de lui ouvrir un instant les portes de son monde, ce royaume régi par l'éternelle douleur qui le hantait. Il détourna le regard, repartant dans la contemplation des dunes. Le silence, faux ami, revint, plongeant Reflet d'Epines dans les méandres de ses souvenirs. Il fut emporté par cette vague de regrets, de tristesse. Il revit les yeux bleus de Rose Arctique, son joli minois et son petit nez qui se plissait quand elle fronçait les sourcils. Puis les souvenirs remontèrent plus loin encore. Sa mère. Son rire, son sourire. Puis sa voix, après. Ses cris déchirants vrillèrent les tympans de Reflet d'Epines. Il fut prit de tremblements. Ses yeux s'écarquillèrent. S'embuèrent. Des larmes coulèrent le long de ses joues, sans qu'il ne le sente.

Puis ses souvenirs revinrent sur Rose Arctique. Sur sa mort. Sur la scène. Il la voyait avec une précision atroce. L'odeur de Ruisseau d'Eté était présente, ainsi que la senteur métalique du sang. Spectateur de sa propre détresse, il se vit hurler en se jetant vers Rose Arctique. Il se rappelait parfaitement de sa position, ainsi que de celles d'Etoile Céleste et de Nuage du Nord. Il avait même conscience de la présence de charognards, voletant en cercles autour des deux cadavres. Puis les sentiments affluèrent à nouveau en lui. Sa gorge se serrait. Sur son visage se dessinait un rictus de douleur. Les larmes coulaient, purs diamants liquides. Il sentait chaque pulsation de son coeur avec une intensité trop insistante pour être normal. Il avait l'impression que le sang qui se répandait dans ses artères à une vitesse inimaginable transportait sa détresse et sa douleur. En l'espace d'un instant, tout s'écroula autour de lui. Il ne voyait plus rien, si ce n'est la forme floue du corps de son aimée. Il n'était plus conscient de rien.

Puis, d'un coup, quelque chose le délivra de ses souvenirs. Etait-ce Etoile Fauve qui l'avait poussé ? Ou bien le Clan des Etoiles qui avait pris de pitié son âme torturée ? Il n'en savait rien..

>> Les épines. Les épines, elles empêchent les autres d'avancer. Mais parfois, elles s'emprisonnent elles-même.

Bien entendu, il n'allait pas bien. Il n'allait jamais bien. Il était hanté, prisonnier de ses souvenirs qui ne disparaitraient jamais. Le guerrier baissa le nez et Étoile Fauve vit une perle salée rouler sur le pelage brun de sa joue avant de tomber dans le sable ou elle fut immédiatement bue par la poussière desséchée. Suivie d'une jumelle, puis d'une autre...Le regard fixé sur l'exacte emplacement ou s'était trouvé le cadavre de Rivière Arctique, Reflet d'Epines pleurait sans même s'en rendre compte. Il ne faisait rien pour se cacher, rien pour s'arrêter, le regard fixé sur un point indéfini, il semblé empli de vide. Une enveloppe animée, dénuée de vie réelle. Les grains de sables crissèrent contre les longues griffes d'Etoile Fauve. Inspirant à fond, réfléchissant à ce qu'elle allait dire, elle donna un léger coup de museau sur la joue du guerrier tigré.

-Reflet d'Epines... Elle ne reviendra pas.

Blessant. Mais véridique. Il était temps qu'il se fasse une raison. Qu'il cesse de pleurer sur ce souvenir. Il méritait de vivre, pas de survivre.

-Elle est morte. Tu sais mieux que personne qu'il s'agit là d'une chose irrémédiable. Mais si elle, elle est morte, toi, tu es vivant. Et pour elle, tu dois vivre. Tu sais que je ne peux rien te réveler sur le rituel qui m'a permit de recevoir mes neufs vies, mais tu sais que j'ai rencontré les guerriers du Clan des Etoiles, et elle était parmis eux. Et je sais qu'elle n'aurait pas voulu te voir depérir, rongé par son souvenir, elle n'aurait jamais supporté l'idée que tu souffre par sa faute.

Elle marqua une pause. Ses neufs vies, elle les avait reçues chacune d'un chat différent. Son père, sa mère, un apprenti perdu, l'ancien guérisseur, l'ancien lieutenant, la mère de Reflet d'Epines (redevenue lucide et douce) et enfin, les trois dernières, de Nuage de Nord, Rivière Arctique, et enfin Etoile Céleste. La guerrière lui avait demandé de prendre soin du mâle tigré. Mais elle ne pouvait pas lui dire. Cependant, comme si l'esprit de la jolie chatte était avec elle en cet instant, elle souffla ces mots, que Rivière Arctique avait dits au guerrier aprés la mort de sa mère. Sans s'en rendre compte, sans y réfléchir, elle tenta de redonner espoir au guerrier avec les mêmes mots que Nuage Arctique.

-Je me doute que tu dois avoir l'impression d'avoir tout perdu. Mais arrête de vivre dans le passé, enveloppé dans une fourrure de souvenirs. Redresse toi, ouvre les yeux, regarde devant toi. Va de l'avant.

Etoile Fauve plissa les yeux, distraite par un reflet du sable, dans la combe. Les yeux écarquillés, elle crut apercevoir la silhouette de Rivière Arctique, son doux regard posé sur Reflet d'Epines, mais en plissant les yeux, l'ombe disparut. Sans doute un effet de la chaleur.

I walk alone.
« Il aimait la mort, elle aimait la vie.
Il vivait pour elle, elle est morte pour lui. »
Shakespeare.

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« My shadow's the only one that walks beside me
My shallow heart's the only thing that's beating
Sometimes I wish someone out there will find me
'Til then I walk alone... »
Boulevard of Broken Dreams - Green Day.

La chatte lui donna un coup de nez sur la joue, le sortant ainsi de son cocon de douleur. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour la remercier, elle le devança, prenant la parole. Hélas.. Les mots de la femelle, plutôt que de réconforter le félin, le firent serrer les mâchoires. Combient de fois lui avait-on dit, que ce soit d'une voix douce, d'un cri exaspéré ou même par un susurrement mesquin .. ? Il le savait, qu'elle ne reviendrait pas. Ses yeux verts se firent durs, malgré les larmes qui maculaient son pelage. Ils se plantèrent dans ceux de la meneuse. Et pourtant.. Au fond des prunelles glacées du félin l'on pouvait voir une flamme, une supplication qui implorait la meneuse de cesser, de ne pas le torturer plus. Et elle n'en eut cure. Elle continua, comme si elle ne comprenait pas la tourmente qui lui lacérait l'esprit. A un moment, elle marqua une pause. Il avait cessé de réellement écouté, la laissant déblatérer sans chercher à comprendre les sens de ces mots qui s'écoulaient autour de lui sans qu'il ne puisse ou ne veuille les attraper. Lorsqu'elle reprit, elle le sortit de sa torpeur en quelques mots :

« Je me doute que tu dois avoir l'impression d'avoir tout perdu. Mais arrête de vivre dans le passé, enveloppé dans une fourrure de souvenirs. Redresse toi, ouvre les yeux, regarde devant toi. Va de l'avant. »

Les yeux du félin s'écarquillèrent. Comment pouvait-elle savoir que .. ? Le Clan des Etoiles, grand crétin. Que vient-elle de te dire ? Repartant un peu en arrière dans ce qu'il avait écouté du discours de la reine, il se rapela quelques mots. Le passage sur le rituel. Un sourire amer se dessina sur son visage, tandis qu'il tournait les yeux vers le même point qu'elle. Le vent soulevait du sable, et l'on pouvait croire reconnaître une forme féline dans le tourbillon. Que croyait-elle au juste ? Que Rose Arctique était revenue sur cette terre pour la féliciter ? Un instant, il en rêva. Retrouver son amie, retrouver son bonheur tel qu'il l'avait laissé.. C'était une tentation bien irrésistible. Mais hélas, tous les protagonistes nécessaire à ce bonheur n'était point présent..
Dans son esprit résonnait toujours les mots d'Etoile Fauve. Elle avait raison, c'était sûr. Mais il refusait de se l'avouer, il refusait d'accepter de laisser tomber son masque.

« Te souviens-tu, Etoile Fauve ? Quand l'on était petits et que vous jouiez, toi et elle, et que je vous regardais de loin, sans ne serait-ce qu'éprouver l'envie de rejoindre vos jeux ? Te souviens-tu que même après, quand elle était devenue mon amie, je n'avais pas changé ? En réalité, il y avait juste que je souriait. J'était heureux, mais je n'avais pas changé de comportement. Alors après tout, qu'est-ce que cela t'importe, tant que je chasse autant et que je patrouille bien ? Je fais ce qu'on me demande, mais il y a une chose que je ne peux exécuter. Cet ordre, que tu me donnes. Rose Arctique avait assez d'emprise sur moi pour me le faire accepter, et de plus, ma mère était partie lentement, même une lune avant qu'elle ne décède, je savais que ça arriverait. Alors qu'avec Rose.. Je ne m'attendait pas à ce qu'elle parte aussi vite. Elle m'a relevé, elle m'a fait rire, elle était ma raison de vivre. Je n'en ai plus, maintenant. Mais je n'en ai pas non plus de mourir. Alors je souffre, vu que c'est tout ce à quoi je suis bon. »

Une fois qu'il eut finit son laïus, Reflet d'Epines alla jusqu'à s'accorder le luxe de prendre un air froid, non, glacial et distant. Il mourrait d'envie de se jeter sur la femelle et de lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas oublier, qu'il ne voulait pas. Il détourna le regard, amer, pour contenir cette envie, cette pulsation qui venait du plus profond de son coeur. Il ne put la retenir bien longtemps ; il se retourna vers elle, lentement, se releva, comme s'il décidait de partir. Mais non, il se jeta doucement sur elle, la faisant tomber à la renverse. La maintenant par ses pattes puissantes mais avec délicatesse, il plongea son regard vert sombre dans les prunelles de jade de la femelle. Un demi-sourire, mi-figue, mi-raison, s'étira sur ses lèvres. Il se pencha, lui murmura à l'oreille :

« Tu vois, je suis incapable de sortir de ça, Etoile Fauve. Il aurait peut-être fallu me sortir ce beau discours un peu plus tôt. Je crois que c'est trop tard, que j'ai abandonné l'idée de faire mon deuil. Est-ce lâche ou courageux ? Je pense plutôt à la première réponse. N'y a-t-il pas du ridicule et de la faiblesse à être incapable de tourner la page sur un épisode triste de sa vie pour réaliser les belles choses qui nous entourent ? J'aurais pourtant beaucoup de raisons de sourire. Regarde, ton acharnement à me faire sortir de ma tristesse n'est-il pas louable et touchant ? Petite Aile et sa délicatesse ingénue ne devrait pas m'attendrir ? Mon apprenti n'a-t-il pas toutes les capacités d'un excellent chasseur ? Si, et je m'en rends compte. C'est ça le pire, vois-tu. J'ai conscience de ma lâcheté. »

>> Tête de mule ? Non, esprit déchiré. Que faire lorsqu'un de vos guerrier vous demande pourquoi vous ne lui foutez pas la paix ? Bien entendu, Reflet d'Epines faisait son travail, plutôt bien, et elle n'avait rien à redire la dessus. Mais c'était sur ses pensées, sur ses états d'âmes qu'elle voulait agir. Il répondit, et sa réponse était...Douloureuse. Brûlante.

-...Je fais ce qu'on me demande, mais il y a une chose que je ne peux exécuter. Cet ordre, que tu me donnes. Rose Arctique avait assez d'emprise sur moi pour me le faire accepter...

Sous entendu : Elle oui, toi, non. Tu n'y arriveras pas, personne n'a autant de valeur que Rose Arctique et tu es une incapable à côté d'elle. Étoile Fauve voulut répondre, il ne lui en laissa pas le temps. Doucement, il s'appuya sur ses épaules, la faisant basculer dans le sable, comme au ralentit. Elle n'était pas vraiment plus grande que lui, et il était plus musclé.
Et il lui parla. Il parla d'un beau discours qui la fit malgré elle, se hérisser, le pelage crème de son buste se dressant doucement entre les pattes du guerrier. Ironie ? Sans doute...

Il parla de la lâcheté. Il se qualifia lui même de lâche et sa meneuse serra les dents. Si elle n'était pas musclée, elle était nerveuse. Une boule de nerfs. Et si elle se contenait souvent, parfois, elle n'y arrivait pas totalement.

Elle n'aimait pas être bloquée, privée de mouvements. Elle n'aimait pas être quasiment obligée d'accepter des paroles semblables. Elle n'aimait aps être impuissante. Elle se tortilla légèrement, et appuya ses deux pattes arrière sur le ventre du guerrier brun, puis se tendit. Pas trop for, pas trop brutalement, juste assez pour soulever la masse de Reflet d'Epines et le faire tituber avant qu'il retombe sur ses pattes, le temps pour elle de se relever. Elle secoua sa fourrure, faisant voleter les grains dorés accrochés à son dos et fit plusiquers pas vers le guerrier afin de seretrouver museau à museau avec lui, jusqu'à sentir sa respiration sur sa truffe.

-Parce qu'il est certain qu'un lâche choisit comme endroit préféré celui qui le fait le plus souffrir, bien sur !

Elle avait faillit s'énerver. Faillit hausser le ton. Mais non.

-Je ne t'ai jamais demander d'oublier Rose Arctique ! Jamais je n'ai tenté d'oublier Etoile Céleste. Mais moi, j'ai accepté de vivre parce qu'Etoile Céleste me l'a demandé, parce que j'avais des responsabilités, parce que j'avais des chats qui avaient besoin de moi ! Si tu crois que Nuage de Buisson ou même Petite Aile n'ont pas besoin de toi... Si tu penses que ta seule utilité est de raporter du gibier et renifler nos frontières, tu es un abruti fini ! J'ai besoin de toi, mais pas d'un automate qui fait le tour du territoire machinalement, qui mange à peine, qui passe sa vie enfermé dans des souvenirs irrémédiables. J'ai besoin de Reflet d'Epines, pas de cette espèce de grande carcasse vide et triste.

Elle s'était énervée, voilà. Elle n'était pas restée assez calme pour cacher le léger tremblement de sa voix, et brusquement, elle détourna la tête, tournant le dos à son guerrier afin de dissimuler une larme solitaire qui roula sur sa joue. Elle se sentit obligée de se justifier. Une chef ne pleurait pas.

-Et...et j'en ai marre de tout ce sable !

Sous entendu : Non, ne t'avises pas de penser que je pleure à cause de toi. J'ai juste une poussière dans l'oeil. ET EN PLUS JE SUIS PAS DU TOUT SUR LES NERFS !

Please, don't leave me..
« Assombri mon coeur,
Ne bat plus la cadence,
Des jours heureux,
Passés en ta présence. »
L'indécision - Da Silva.

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« Je ne veux pas que tu reviennes.
J'aurais seulement voulu que tu reste .. »

La meneuse bougea un peu sur lui, parvint à appuyer ses pattes arrière contre le ventre du mâle tigré, qu'elle repoussa avec douceur, comme il l'avait fait tomber. Il tituba quelque peu, puis retomba sur ses pattes. A peine eut-il le temps de reprendre son équilibre que déjà son interlocutrice s'approchait de lui, mêlant leurs souffles, frôlant presque son nez. Il résista de peu à l'envie de loucher sur la truffe de la chatte et plongea ses yeux dans le puit des prunelles de jade de la chatte. Elles étaient belles, profondes, intenses. Brillantes. A des lieues du regard terne et torturé du guerrier. Elle parla. Les mots le glacèrent. Confirmait-elle ou démentait-elle ses dires ? Le traîtait-elle de lâche ou de menteur ? Il se le demandait encore qu'elle avait déjà reprit. Le ton monta. Elle s'énervait. Et lui, il restait là, incapable de réagir, de lui dire d'arrêter. Peu à peu monta en lui une espèce de fureur, de rage.

Envers lui. Envers toutes ces conneries qu'il avait fait. Il se haïssait. Non, il haïssait cet être qui le hantait, ces pensées néfastes qui le tourmentaient sans arrêt et qu'il était incapable de vaincre. Quelle faiblesse, être impuissant face à son propre esprit.. Les mots de la chatte retentissait toujours dans son esprit. Sa fureur enfla encore. Vers elle, cette fois. Que savait-elle au juste ? Sa mâchoire se crispa. Quel imbécile.. Il savait que sa réaction était ridicule, mais il ne put s'en empêcher. Son échine se hérissa peu à peu.

« Mais merde ! Tu peux me dire pourquoi vous avez besoin de moi !? Tu peux me dire à quoi je sers dans ce putain de monde !? Tu peux me dire comment je suis sensé sortir de ce bordel qui me bouffe !? Tu peux me le dire, ça, Etoile Fauve !? »

hurla-t-il.

Et à peine avait-il parlé qu'il regrettait ce qu'il disait. Il la regarda. Elle avait détourné le regard, prétextant qu'un grain de sable la faisait pleurer. Sûrement. Après tout, quelles larmes pouvaient bien couler pour lui ? Celles de beaucoup de gens, petit con. Il avait envie de tourner la tête, lui aussi, pour lui cacher qu'il avait envie de pleurer. Il résista, se faisant violence pour continuer à observer la femelle, malgré ses yeux embués et les larmes qui menaçaient de couler. Elle était belle. Haute sur patte, gracile mais musclée, son pelage brun-roux était propre, exception faite des quelques grains de sable aventureux. Sous le menton et le ventre de la chatte, son poil se faisait plus clair, ses pattes, ses oreilles, son dos et le bout de sa queue à l'inverse plus sombres. Sur l'oreille droite, elle avait une entaille en forme de V, souvenir d'un combat contre un renard dont elle était sortie triomphante, vu qu'elle était toujours là. Elle était belle. Différente de Rose Arctique. Ce n'était pas une femelle sublime, contrairement à la blanche, mais elle avait un charme sauvage, puissant, qui l'envoutait. Arrêtes, Reflet d'Epines, arrêtes ! Une nouvelle fois, il résista. Ouvrit la bouche. Murmura quelques mots que le vent porta à la femelle fauve.

« Excuse-moi, Etoile Fauve .. »

Silence.

« Je ne voulais pas .. Je .. Je ne me comprends pas .. J'ai mal, parce que j'ai envie de vivre, mais que je n'y arrive pas .. Elle me hante, chaque instant, chaque seconde que je vis, sans que je ne parvienne à me détacher d'elle un instant .. J'ai l'impression de la trahir, en te parlant, en t'appréciant, alors une partie de moi croit te haïr, veut que tu me déteste pour que je t'oublie .. Et c'est pareil avec les autres .. Excuse moi, Etoile Fauve .. »

Il détourna le regard. Cédant, encore, à cet instinct, à cette part de lui qui faisait qu'il était incapable de vivre réellement. Il persistait, parce qu'il n'était qu'une Epine sur la tige de la Rose qui avait dépéri. Il n'était qu'un protecteur aveugle qui n'avait pas réussi sa mission, la Rose ayant rendu l'âme .. Mais les fleurs de l'amour ne renaissent pas un jour ? N'avait-il pas le droit d'espérer, de rêver ? Il ne savait pas. Il ne voulait pas savoir. Il se sentait vide, mal. Il avait envie de se rouler en boule et de dormir, de ne s'éveiller que lorsque le monde se serait amélioré. Puérile envie de celui qui n'a ni le courage ni la force d'affronter le monde.

[ T'as vu comment je suis trop un stratège x) ? L'Epine & la Rose. Vous croyez que je l'ai appelée Rose Arctique pour quoi XD ? ]

>> Pourquoi ? Il demandait pourquoi ? Il voulait vraiment la forcer à se justifier? Il ne pouvait pas la laisser s'énerver comme une gosse capricieuse et comprendre ? Il avait si peu d'amour propre ?

Elle ne répondit pas immédiatement. Le guerrier finit apparemment par se calmer et finalement, contre toute attente, profita du silence qui s'était installé pour s'excuser. C’est ça, excuse toi, tu viens de me hurler dessus. Pourtant, la meneuse mourrait d’envie de dire quelque chose, de l’arrêter. Elle ne répondit rien et lui tourna obstinément le dos, observant à ses pattes la petite tâche sombre de la larme sur le sable.

-Je ne voulais pas... Je... Je ne me comprends pas... J'ai mal, parce que j'ai envie de vivre, mais que je n'y arrive pas... Elle me hante, chaque instant, chaque seconde que je vis, sans que je ne parvienne à me détacher d'elle un instant... J'ai l'impression de la trahir, en te parlant, en t'appréciant, alors une partie de moi croit te haïr, veut que tu me déteste pour que je t’oublie... Et c'est pareil avec les autres... Excuse-moi, Étoile Fauve...

…La trahir. Évidemment. C’était compréhensible. L’espace d’un instant, Étoile Fauve eut l’impression de se retrouver chez les anciens, petite, lorsque ceux-ci lui avaient raconté l’histoire d’Etoile de Feu, en des temps immémoriaux, avant les trois Clans, avant l’époque d’Etoile Fauve des quatre Clans, avant Étoile Sanglante. L’histoire d’Etoile de Feu et de son amour pour la grande guérisseuse Petite Feuille, et des difficultés du chef roux à se lier avec Tempête de Sable ensuite…Sauf que c’était de l’amour dont on parlait dans cette histoire et Étoile Fauve doutait que quelqu’un tombe un jour amoureux d’elle, de ses sautes d’humeur, son système nerveux surdéveloppé et de son hyperactivité.

Il serait temps de répondre, au lieu de le laisser mariner dans son jus. Wake Up, Fauve.

-En effet, tu ne te comprends pas. Parce que visiblement, tu n’as pas envie de vivre. Tu voudrais vivre AVEC Rose Arctique, pas sans elle. Quand on a trouvé la patrouille, j’ai perdu mon mentor, ma chef, ma seconde mère, et j’ai perdue une amie, une camarade d’apprentissage. Je n’avais pas envie de prendre la place d’Etoile Céleste, même si dès ma nomination en tant que lieutenante, je savais qu’un jour je devrais prendre la tête du camp. Mais je suis allée à la grotte de la Pierre de Lune parce que je devais le faire. Je n’en avais pas envie mais je devais le faire, pour le Clan, pour ceux qui comptaient sur moi, pour moi. Tu dois vivre POUR la mémoire de Rose Arctique, et pas DANS sa mémoire. Tu dois vivre pour Harmonie Céleste, pour le Clan, pour Rose Arctique, pour toi et pour vous deux.

Et pour moi. Mais elle n’ajouta rien. Elle découvrait en lui parlant que le mutisme et la déprime de Reflet d’Epines l’affectait plus qu’elle ne croyait et elle avait envie d’être là pour lui. Mais lui ne voulait pas, apparemment. Une nouvelle brise charria vers eux un peu de sable et la chef coucha les oreilles et serra les paupières, baissant la tête pour éviter les grains. Territoire de merde.

Merci.

_________________________

Reflet d'Epines tourna la tête vers elle, la dévisageant comme il ne l'avait jamais fait. Comme il n'avait jamais pu le faire. Non, excusez moi, comme il n'avait jamais voulu le faire. En acceptant le fait qu'elle le fascinait. Qu'elle était jolie. Ses paroles résonnaient toujours dans l'esprit du félin, suscitant encore de la rage en lui. Contre ce futile comportement qu'il avait. Il devait se libérer de ses chaînes. Il devait se rappeler le plaisir interdit qu'il avait éprouvé lorsqu'il avait senti le corps nerveux d'Etoile Fauve sous le sien, ce frisson imperceptible qui l'avait parcouru lorsque leurs pelages s'étaient frôlés. Que se passe-t-il, grand crétin ? Tu ne serais quand même pas en train de t'amouracher de ta meneuse ? Et puis alors ? Pour la première fois, il s'entendit répondre à cette voix qui l'empêchait de vivre. Et puis, alors, qu'est-ce que ça fait ? Je vais souffrir, et alors ? Je n'ai pas souffert avec Rose Arctique ? J'ai le droit d'espérer, pour une fois. J'ai le droit de vivre.
« Merci, Etoile Fauve. »
Un murmure ..
« Merci, merci pour tout. Pour avoir essayé, pour avoir peiné, et pour avoir réussi. Merci. Je te promets que je ferai des efforts. Je te le jure, Etoile Fauve. Je te le jure ! »
.. qui finit sur un cri. Un cri d'espoir, un cri de vie. Le vent s'était levé, faisant voler les grains de sable. Pourtant, il ne plissa pas les yeux contrairement à sa meneuse qu'il rejoint de quelques pas. Et là, pour la première fois, il fit ce qu'il n'avait jamais osé faire. Parce qu'Etoile Fauve était sa supérieure. Parce qu'il était enchaîné à ses souvenirs. Parce qu'il y avait ce mur de civilité et de hiérarchie entre eux. Au diable tout ça ! Il se laissa porter par cet instinc rebelle. Il posa son nez contre la joue de la femelle, et lui asséna un grand coup de langue. Ouais, bon. C'est pas le comble de la virilité, j'admets, mais vous vouliez qu'il lui fasse quoi, les chats ça sait pas se faire de bisoux ._. Enfin bref. Il ne se laissa pas le temps de regretter son geste. Déjà, il bondissait une nouvelle fois sur la chatte, jouant pour la première fois avec quelqu'un d'autre que Rose Arctique. Retombe en enfance, grand guerrier, ça va te faire du bien. Ils roulèrent dans le sable, puis s'immobilisèrent. Et l'étiquette revint. Elle était meneuse, lui guerrier. Il n'avait pas le droit de lui faire ça.
« Excuse moi.. »
Son pelage mi-long était plein de sable, mais il s'en fichait. Ce qu'il redoutait, c'était la réaction de la chatte. Allait-elle l'envoyer tout bonnement chier ? Ou bien rire de son infantilité ? Il n'en savait rien. Etrangement, il se refusait à la lâcher, comme par peur qu'elle ne s'en aille elle aussi. Avait-il tout foutu en l'air ? Etait-il un pauvre con puéril qu'elle allait rejeter pour son imbécilité ? Il n'en savait rien. Il avait peur de savoir. Même si l'attente était insupportable pour lui, il était terrifié à l'idée que sa chef, sa Chef !, puisse le trouver immature. Il avait peur de perdre sa confiance, tout simplement.
[ Ouais, bon. Désolée. ]

>> T'as dit quoi ? J'ai de grandes oreilles mais je suis pas un radar non plus, parle plus fort.

-Merci, merci
pour tout. Pour avoir essayé, pour avoir peiné, et pour avoir réussi.
Merci. Je te promets que je ferai des efforts. Je te le jure, Etoile
Fauve. Je te le jure !

Et vas-y que je te fais un adorable slurp sur la joue. Hahem, euh... Ah ben voilà, j'entends mieux, t'étais même pas obligé de hurZBLAF !
Hey ! What the fuck ?
Sans avoir le temps d'analyser la phrase du guerrier, Etoile Fauve se retrouva projetée en avant, entraînée dans le sable par Reflet d'Epines qui riait aux éclats.. A peine le temps d'y penser qu'elle faisait des roulés boulés en bas de la dune avec l'imposant matou brun qui riait aux éclats. Lorsqu'ils s'immobilisèrent enfin, elle reprit son souffle, encore un peu sonnée, tandis que, changeant du tout au tout, son compagnon se relevait et bafouillait une excuse. De quoi ? Excuse de quoi ? Kestudi ta ?
Etoile Fauve sourit. Un petit sourire, qui s'agrandit finalement et se transforma en éclat de rire incontrôlable, découvrant ses petites dents blanches. Chef qui pète les plombs ? Mais nan, meneuse heureuse (et vive la rime). Il était content. Il avait sourit. Il avait rit. Il lui avait sauté dessus comme un apprenti. Il était déterminé à faire des efforts. Il avait promit. La meneuse se retrouva alors propulsée au temps de son apprentissage, lors des entraînements dans la combe, lorsque son mentor la faisait affronter Nuage d'Epines, et Nuage Arctique. Le matou lui sautait dessus, l'écrasant de son poids, et elle, compensait pas sa rapidité. Et maintenant, elle avait envie de se bagarrer avec lui, comme à cet époque. Une meneuse ne devait pas jouer, une meneuse ne s'amusait pas à rouler dans le sable avec un guerrier. Mais une chatte pouvait très bien s'amuser avec son camarade d'apprentissage. Alors au diable les règles de bonne conduite.
Se plaquant au sol comme un chaton joueur, elle cracha sans véritable menace, un immense sourire scotché sur son visage.

-Tu m'as eue par surprise ! Tu n'aurais pas réussit sinon !

Et elle lui bondit dessus, griffes rentrées. Ses pattes arrières soulevèrent une gerbe de sable tandis que ses antérieures s'appuyaient sur le large poitrail de Reflet d'Epines pour le faire basculer en arrière. Elle le plaqua au sol, pesant légèrement sur lui, un grand sourire aux babines et les yeux pétillants.

-Alors ? demanda-t-elle, le menton bien levé.

Je crois, qu'en fait, c'est toi
toi que je veux voir, toi que je veux aimer.

Lorsqu'il s'excusa, Etoile Fauve éclata de rire. D'abord, il frémit, de peur qu'elle ne se moque de lui, puis, comprenant que c'était un rire franc. Un rire honnête, parce qu'elle aussi, elle regrettait parfois ce temps, elle avait de si bons souvenirs de son apprentissage. Il la regarda se relever, à bout de souffle, grisée par son rire. Et là, surprise. Ce fut au tour de la meneuse de retomber en enfance. Se relevant, elle se plaqua au sol, répliquant d'un air enfantin qu'il ne l'avait eue que par surprise. Il allait répliquer lorsqu'elle lui bondit dessus à son tour, le renversant dans le sable. Elle le plaqua rapidement au sol. Il était surpris. Comment une chatte qui pesait aussi peu que sa meneuse pouvait l'empêcher de se relever ? Il avait beau vouloir se tortiller, il n'y parvenait pas. Puis il comprit. Ce n'était pas la meneuse qui l'empêchait de bouger, mais ce contact. Elle était allée là où seule Rose Arctique s'était aventurée. Elle avait posé ses pattes sur son poitrail, ce que seule la blanche faisait, jadis. Elle le jaugeait d'un faux air hautain, comme sa Rose. C'était le poids de ses souvenirs, qui le retenait au sol. Puis la meneuse leva le menton, lui murmurant un seul mot. Il retint un sourire. Elle voulait jouer à ça ? Très bien, ils joueraient à ça. Il se cabra, l'envoyant au sol, tout en bondissant à côté de la meneuse. Avec Rose Arctique, ça marchait toujours : elle avait un superbe aperçu sur son ventre bien blanc, elle avait un instant peur qu'il ne se ramasse sur elle, puis elle voyait sa queue tigrée lui chatouiller le nez. Sauf que, ce qu'il n'avait pas prévu, c'était qu'Etoile Fauve était un peu plus grande. Et il dut changer son mouvement, sautant sur le côté au lieu d'en avant. En retombant, il eut du mal à se rétablir, dérapant dans le sable meuble et .. se vianda lamentablement la gueule sur sa meneuse. Ses yeux croisèrent les prunelles vertes de la chatte, son nez heurtait celui d'Etoile Fauve. Il resta comme ça quelques secondes, trop abasourdi pour réagir. Puis une légère douleur se fit dans sa patte.
« J'ai mal à la patte, Etoile Fauve .. » gromella-t-il autant que c'était possible lorsqu'on faisait du bouche à bouche à quelqu'un.
Se relevant tant bien que mal sans émettre de commentaires sur la situation dérangeante dans laquelle ils s'étaient trouvés, il s'assit lourdement dans le sol, examinant son antérieur droit. Il avait du tomber dessus, ce devait être celui-là qui avait glissé quand il était tombé. La honte. Le Clan entier saurait qu'il jouait avec la meneuse comme des gamins. A moins qu'elle ne préfère dire qu'elle l'avait trouvé là, incapable de se déplacer avec sa "patte folle" ? Il tenta de retenir un rire, en vain. C'était ridicule. Un guerrier affalé au sol, la patte un peu tordue, une meneuse par terre, le poil plein de sable, et le premier en train de rire comme un bossu un peu crétin. Il y avait de quoi rire de leur situation. Faisant un grand sourire à sa meneuse, goguenard, il ne put s'empêcher de lâcher :
« Tu crois que tu vas réussir à me ramener ? T'es frêle par rapport à ma personne musclée et lourde, après tout, hein ma petite meneuse .. »
Le ma avait été naturel, involontaire. Pourquoi l'avait-il appelée ainsi ? Aucune idée, vraiment. Elle n'était pas de petite taille, et ne lui appartenait pas le moins du monde, mais ce surnom, il l'avait sorti sans réfléchir. Et puis ? Qui avait dit qu'elle s'en offusquerait ? Il devait arrêter de s'inquiéter pour rien, si elle était vexée, il le remarquerait et le saurait, à l'avenir. Agitant les moustaches et la tête pour chasser le sable qui s'était pris dans ses poils, il en envoya un peu partout, excepté sur la chatte ; cette fois, il avait fait attention. Il ramena sa patte devant lui, s'allongeant plus dignement, et donna un coup de museau dans le flanc de son amie. Si elle désirait lui montrait qui était la plus forte .. Il était incapable de répliquer x).

>> Brutalement, le guerrier qu'elle peinait à maintenir au sol se releva et l'envoya bouler dans le sable en se cabrant. Étoile Fauve glissa en se relevant et retomba sur le flanc, lorsqu'elle vit du coin de l'œil Reflet d'Epines se ramasser sur lui même, prêt a lui bondir dessus. La meneuse se prépara au choc, consciente qu'elle n'aurait pas le temps de se relever. Épines faisait sa taille, mais il possédait le double de ses muscles à elle et n'aurait aucun mal à la plaquer au sol. Autant attendre et aviser ensuite.
Le guerrier se souleva du sable dans un formidable détente et lui donna une joli vue sur son ventre immaculé, puis, brusquement, changea de trajectoire et atterrit en dérapant. Étoile Fauve s'était préparée à esquiver de côté et se reçu le guerrier en plein dessus avec un grognement de surprise. Lorsque ses idées furent revenues vers leur place habituelle, elle secoua la tête et son nez heurta la truffe de Reflet d'Epines. De quoi ?
Un frisson la parcourut, de la tête à la queue, soulevant le poil de ses épaules et hérissant son pelage le long de sa colonne vertébrale. Elle entrouvrit la bouche, comme pour parler, mais rien ne sortit, son regard de jade perdu au plus profond des prunelles émeraudes de Reflet d'Epines, qui luisaient à quelques cm des siennes. Elle sentait son souffle caresser sa joue, son pelage se presser contre celui de son assaillant, la chaleur du soleil ardent qui les inondaient et les grains de sable qui crissaient dans son dos. Elle se sentait hors du monde, tout en ressentant chaque chose plus intensément que jamais.

-J'ai mal à la patte, Étoile Fauve.

Sa petite bulle éclata, sembla s'envoler avec les grains blancs que le vent soulevait de nouveau autour d'eux. Elle se sentit rougir sous sa fourrure fauve et aida le guerrier à se relever. La patte avant droite de Reflet d'Epines semblait légèrement tordu, surement une foulure. Ils devraient demander au guérisseur en rentrant. Ses oreilles se dressèrent sur son crâne lorsque son camarade se mit à rire et lui adressa un grand sourire. Qu'est ce que la situation avait de drôle ?

-Tu crois que tu vas réussir à me ramener ? T'es frêle par rapport à ma personne musclée et lourde, après tout, hein ma petite meneuse ...

Etoile Fauve considéra un instant son guerrier, interdite. Il était affalé au sol, bien qu'il soit en train de s'allonger pour prendre une attitude plus digne, et elle le regardait stupidement, à moitié recouverte de sable. Reflet d'Epines lui donna un coup de museau dans le flanc, et elle éclata de rire. En effet, drôle de situation. Elle se releva en s'ébrouant, prenant garde à ne pas envoyer de sable sur le blessé, et lui rendit son sourire.

-Dis donc, qui c'est le chef ici ? Je ne suis pas un gros tas de muscles, mais je peux t'aider à rentrer. Espérons que tu ne finira pas éclopé comme cette guérisseuse de légende, Museau Cendrée. Allez, debout, on va rentrer, mon grand guerrier !

Aurait-elle du s'offusquer qu'il l'appelle "ma petite meneuse" ? Après tout, c'est vrai, elle était frêle par rapport à lui, elle était meneuse...Et si il voulait qu'elle soit à lui, pourquoi pas ? Elle avait donc préféré lui rendre la pareille plutôt que de jouer le noble chef.
S'approchant de Reflet d'Epines, elle se baissa pour appuyer son épaule contre la sienne et s'arcbouta contre lui, mêlant le pelage brun à sa fourrure caramel. Elle parvint à le relever et appuya son épaule contre lui pour le soutenir, ignorant l'agréable sensation du flanc du guerrier contre elle.

-Debout. Si tu reste immobile, ta patte va s'ankyloser et tu ne pourra plus faire le moindre pas.

Elle s'interrompit un instant, pensive. Le Clan allait forcément poser des questions en les voyant revenir ainsi... Il valait mieux ne rien dire de leur échange, qui de toute façon, ne regardait qu'eux.

-Et ne t'en fais pas. Si on pose des question, je dirais que je me suis faite attaquer par un vautour audacieux dans la pinède brûlée, et que tu m'as aidée. Tu te seras foulé la patte en le chassant.

Elle fit un clin d'œil à con camarade d'apprentissage et sans réfléchir, lui donna un coup de langue sur l'oreille. Ayant soudain très chaud sous sa robe tiquetée, elle se força à regarder devant elle et lança :

-Allez. En route.

~ Ouais, il en avait conscience, c'était tout bonnement immoral. Un guerrier misanthrope qui jouait avec sa meneuse, se blessait la papatte puis commençait à rire comme un bossu avec elle. Rire qui redoubla quand la jolie minette lui répondit, employant elle aussi le possessif. Elle était vraiment sympathique, cette meneuse, et il regrettait de ne pas s'être offert le plaisir de rire avec elle un peu plus tôt. Peu à peu, il reprit son souffle, tandis que la chatte se rapprochait de lui, appuyant son épaule contre celle, musclée, du tigré. Allez hop, on me remonte ce tas de muscles, gros fénéant, semblait dire la chatte. Aussi, le félin, se redressa avec un courage exemplaire, gueulant un peu quand sa patte effleurait le sol. Un peu, pas trop. La chatte parla, puis s'interrompit, songeuse, avant de reprendre, établissant rapidement un "plan" pour cacher au Clan leur secret .. Quel secret ? Qu'ils étaient deux gamins qui prenaient un peu de bon temps ? Tant mieux, il ne tenait pas non plus à ce que tous les matous de la forêt soit au courant. Ils commencèrent à esquisser quelques pas, leurs pelages mêlés, leurs corps serrés l'un contre l'autre. S'efforçant, lui comme elle, d'ignorer ce doux chatouillement dans le cou, là où leurs poils se touchaient, d'oublier cette carresse lorsque leurs queue s'effleuraient. Et ces picotements, ces milliers de picotements plutôt agréables qu'ils ressentaient lorsqu'il sentait leurs coeurs battre ensemble, leurs souffles à l'unisson. Combien de fois il avait rêvé d'une telle complicité avec une chatte .. ? Même avec Rose Arctique, cela n'avait jamais été semblable ! Elle avait toujours été la meneuse et lui le subordonné, le dépassant de sa beauté. Mais avec Etoile Fauve .. Il y avait tant de points communs entre eux ! Et surtout, elle était modeste, ne tirant aucun profit de son poste de chef, contrairement à une petite vermine blanche. Mais là n'était pas la question. Il était serré contre une chatte qui faisait palpiter son coeur, elle semblait l'apprécier et son attitude vive et chaleureuse déteindrait peut-être sur le tigré, si la chance était avec eux. C'était pas beau tout ça ? De plus, il avait même un "alibi" pour sa patte. La vie était décidément bien jolie.

La chatte le ramena jusqu'au Camp, sous les regards étonnés des félins. Oh, vous trouvez ça bizarre que le nostalgique de service soit ami avec la pétillante meneuse, vraiment ? Non, vraiment, moi je vois pas de raison. Enfin bref, elle le ramena au Camp, puis l'amena chez les guérisseurs, malgré les protestations du tigré ("Je n'ai rien, Etoile Fauve !") auquelles elle répondit d'ailleurs avec brico ("Mais oui, et c'est normal que ta patte fasse un angle droit.") sous les yeux toujours ébahis des guerriers. Les échanges entre la meneuse et le guerrier étaient .. Stupéfiants.
Et maintenant ?

Maintenant, on verra ça.

[ Suite dans le topic que Fauve est en train de faire, pour les éventuels lecteurs ]