« Les petits ruisseaux font les grands rivières ..

.. alors si tu pleures toujours, ton ruisseau deviendras une rivière. »
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Ploc. Ploc.
Quelques gouttes tombent, la rosée est là. Il va pleuvoir, au Clan de l'Orage. Dans l'eau cristaline du ruisseau, la lune se reflète, déformée par les ondulations dues à la petite pluie. Quelques pas viennent s'ajouter à la symphonie des sons de la forêt. Une petite silhouette blanche, les pattes maculées de boue, s'avance vers le cours d'eau, d'une démarche aérienne. Rêve-t-elle, pour être si légère ? Nul ne le sait .. Pourtant elle a mal, si mal, trop mal ..
« J'ai peur. Peur de te perdre, de souffrir, de ne jamais m'en remettre. Peur que tu me haïsses, que tu me fasses mal, que tu lacères mon âme. Je ne veux pas changer, je ne veux pas que tu me détestes. J'aurais juste aimé que tu m'acceptes telle que je l'était .. T'ai-je demandé de changer ? Non .. Alors pourquoi ? Pourquoi me faire si mal ? Pourquoi t'escrimer à me demander la seule chose que je ne peux te donner ? »
Ces questions résonnaient dans la tête d'Etoile de Larme. Qu'avait-elle fait pour mériter telles représailles du Clan des Etoiles .. ? Elle avait tué un chat .. L'image du corps d'Etoile Dansante, maculé de sang, revint devant ses yeux, lui arrachant un haut le corps de dégoût. Envers elle-même. Envers sa conduite. Envers ce corps trop beau et cette âme trop laide qui constituaient son être. Futile créature qu'elle était .. Elle se haïssait elle-même. Elle, meneuse du Clan de l'Orage, n'était qu'une pauvre imbécile tout juste bonne à jouer les catins. Quelle honte .. Elle n'avait jamais su réussir. Sa vie était un échec, voilà tout. Un misérable échec, de long en large. Petite, elle avait failli être violée par son père. Intervention de celui qui était alors Nuage de Loup et qui le regretta sûrement toute sa vie. Il avait sauvée une chatte qui ne méritait pas son poste, qui ne méritait pas sa vie confortable ni la nouriture qu'elle prélevait chaque jour sur le tas de gibier. Quelle ironie que de voir une meneuse vivant au crochet de son propre Clan.
Etoile de Larme cligna des yeux. Détailla ce qui l'entourait. Devant elle, le ruisseau s'écoulait en un gargouilli, dévalant la pente douce sous le regard attentif de la lune. Quelques arbres élançaient leurs fines branches vers le ciel noir, comme pour adresser aux Etoiles la muette et vaine prière de ne pas les dévêtir de leurs feuilles. Le sol était boueux, mou, et l'on s'enfonçait légèrement ; cela était du autant à la pluie qu'au climat du Clan de l'Orage. Ca et là, quelques lapins téméraires menaient leur bonhomme de chemin, insensibles au ciel qui pleurait. Que pleurait-il au juste ? La tristesse de la chatte blanche ? Sûrement point ; elle méritait son sort, telle était sa pénitence pour avoir occis un des siens. Fermant les yeux, cachant par là ses prunelles bleues à la lumière pâle de l'astre lunaire, Etoile de Larme s'assit à côté du ruisseau. Son coeur s'était serré, et elle sentait trop violemment chacune de ses pulsations pour qu'il ne se soit pas déchiré. Sa gorge s'était serrée, l'empêchant de respirer comme elle l'aurait voulu. Et cela faisait deux jours. Deux jours qu'elle souffrait le martyre, qu'elle se retenait. Il était tant qu'elle craque.
Une larme, bijou éphémère, naquit dans son oeil clos, vécut le long de sa joue blanche et mourrut à la pointe de son menton.
Ploc, ploc.
D'autres gouttes tombent, la pluie est là.

«Je voudrais être une larme pour naitre dans tes yeux, vivre sur ta joue et mourir sur tes lèvres.»

»Larme de Cristal sortit des broussailles de sa démarche souple et nonchalante. La pluie s'éternisait sur son pelage siamois, comme si elle ne voulait pas le quitter. Cette eau qui tombait du ciel apportait un chagrin intense, celui d'une chatte au pelage magnifique, couleur de la neige qui n'a pas encore été souillée par le sang de la bataille. Cependant, se pelage là avait été souillé, d'un sang plus profond, d'un sang plus sale encore. Le sang du regret. Celui qui vous ronge jusqu'à ce que vous rejoigniez vos ancêtres, tout là-haut dans l'étendue transparente qu'était le ciel. Le ruisseau menaçait de déborder, comme implorant la perle triste assise près de là de s'arrêter de pleurer. Les arbres aux branches décharnées tordues vers le ciel, comme lui demandant d'en faire de même. La Guerrière s'approcha d'un pas naturellement dansant de sa meneuse. Sans mot dire, elle s'assit aux côtés de la femelle. Elle ne ressentait rien. Pourquoi cette perle de beauté pleurait-elle ? Larme de Cristal se doutait que sous ce pelage immaculé se cachait un passé douloureux. Était-ce un passé plus douloureux que celui de la siamoise ? Elle ne la savait guère. Refusant de penser à ses parents, la pluie emportant son chagrin, sa haine, son désespoir. Ne laissant rien sur son passage. Rien qu'un félin à la beauté presque irréelle. D'habitude presque simple à voir, la pluie faisait de son pelage une toile sur laquelle se seraient accrochées une multitude de perles de rosées. Son regard se porta sur un banc de petits poissons qui frétillaient dans le ruisseau. Naguère, elle n'aurait pas hésiter à s'y plonger, ignorant les menaces de terre-mère qui faisait de ce ruisseau un endroit dangereux.

»Elle resta là, immobile, attendant que la chatte ne lui raconte son passé. Dont elle ne se souciait guère plus que de la première souris qu'elle avait attrapé. Tout le paysage autour d'elle pleurait. Bientôt, l'orage se déchaina. Les éclairs tombaient, le tonnerre grondait. Mais mal grès tout, la chatte ne bougeait pas. Un souffle de vent n'aurait pu la faire bouger. Elle attendait.

« Pardonnes moi .. C'est tout ce que je souhaite. Pardonnes moi, ô mon amour .. »

« Little girl, little girl
Why are you crying?
Inside your restless soul, your heart is dying.
Little one, little one
Your soul is purging
Of love and razor blades
Your blood is surging. »
Viva la Gloria (Little Girl) - Green Day.
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Le ciel clamait sa tristesse. Ses larmes glacées tombaient rapidement, sans interruption, trempant le beau pelage d'Etoile de Larme. Là-haut, le tonnerre grondait, funeste plainte des guerriers de jadis. Que pensaient-ils d'elle ? Sûrement comme Lui. Lui, avec un grand L. Son amour, son sauveur. Celui avec qui elle venait de tout fiche en l'air. Etait-ce pour cela que le tonnerre tonnait ? Pour clamer la sourde fureur des Etoiles d'autrefois ? Etait-ce pour le souvenir d'Etoile Dansante que le ciel pleurait ? Etait-ce de consternation devant tant d'inantilité qu'il criait ? Elle n'en savait rien. Elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait plus. Pourtant, combien de points communs la rapprochait de cette voûte céleste ? Elle était belle, elle aussi, comme la blanche. Le ciel Orageux, gris et strié d'éclairs laiteux, était sublime. La lune, halo blanc de le ciel sombre, surveillait ce monde en poétique gérante de cet univers. Hélas, elle ne pouvait en voir toute sa beauté ; les larmes qui embuaient ses prunelles bleu saphir se mêlaient à la pluie, rendant flou le somptueux paysage. Elle sentait derrière elle la présence d'une de ses guerrières, une certaine Larme de Cristal. Elle ne la connaissait pas. Elle n'avait pas envie de la connaître, pas plus que la guerrière ne devait avoir envie de la connaître elle. Comment craquer, comment perdre tout dignité, tout, si une guerrière était là, indésirable spectatrice ? La blanche ferma les yeux, ces prunelles d'un bleu sublime mais voilé par la douleur. Personne. Personne ne pouvait la comprendre. Personne n'était capable de vivre ce qu'elle vivait. Ces remords, qu'elle avait fait en sorte d'enterrer au plus profond d'elle, cette douleur quand elle avait compris, après coup, l'erreur qu'elle avait fait. Elle l'avait compris avoir tué Etoile Dansante. Elle n'avait pas voulu se l'avouer. Se dire qu'elle serait une meneuse déplorable, qu'elle n'était qu'une catin avide et désormais assassine. Ses pattes étaient maculées de sang, son coeur voilé par la peur et la souffrance. Oui, dans des points, c'était un passé plus douloureux que celui de Larme de Cristal. Deux larmes pour une même souffrance .. Il était peut-être temps qu'elle l'admette, elle, Etoile de Larme ?
« Pourquoi ? »
Un seul mot. Sa voix était rauque, brisée, lorsqu'elle cassa le silence.
« Pourquoi restes-tu ? Veux-tu me faire ce ridicule coup du "je suis plus malheureuse que toi alors relèvre toi" ? Je n'en ai pas besoin, ne t'inquiète pas, Croc de Loup s'est déjà occupé de mon cas .. »
Un rire amer. Enfant, elle l'avait fait, elle, la future meneuse de ce Clan. Mon père a voulu me violer, je suis la plus malheureuse des petites pestes. Enfin, c'était ce qu'elle pensait. Qu'elle était celle à la vie la plus difficile. Foutaises. Désormais, elle l'avait comprit. N'était-ce pas une horreur de vivre avec le constant dégoût de soi-même qui sommeillait au fond de son coeur, prêt à ressurgir à chaque moment où l'on faiblissait ne serait-ce qu'un peu ? Etait-ce un passé, ce qu'elle trainait derrière elle ? Un meurtre pour parvenir au pouvoir et tout ça pour quoi ? Ne rien foutre de ses journées en vivant au crochet de son Clan !
Elle se mordit l'intérieur des joues. Cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes qui menaçaient de transformer son beau visage en masque de détresse. Les yeux gonflés, reniflant, elle savait qu'elle n'avait plus aucun charme. Il était encore temps de stoper l'hémoragie de son esprit, de faire cesser ces larmes ridicules. Elle leva les yeux vers la voûte céleste, comme pour quêter de l'aide dans les étoiles. Elle n'ignorait pas la présence d'Etoile Dansante, là haut, ce félin qu'elle avait tué par avidité, mais elle se doutait qu'il ne la regardait pas d'un oeil compatissant. Elle avait fait trop d'erreur. Tentant de bien que mal ne reprendre contenance, elle se perdit dans l'observation du paysage. La lune teintait le monde de de blanc et d'argent, malgré l'orage qui rugissait toujours. Le ruisseau qui glougloutait, enflant sous les pleurs du firmament, reflétait la douce figure de l'astre immaculé, tremblotant miroir. C'était beau.Elle prit le temps de savourer ceci. D'oublier la présence de sa guerrière.
Et oublie moi, toi aussi ..

«Quand tu ne tient plus à la vie de quelqu'un, et que personne ne tien à la tienne, abandonne.»

»Larme de Cristal secoua la tête. À quoi servirait de la plaindre ? Ces chats sauvages avaient décidément de drôles de coutumes. Le chagrin de l'un ne se communiquerait pas aux autres, tel une maladie contagieuse. Elle resta là, immobile. Elle secoua de nouveau la tête. Elle ne comptait guère consoler sa meneuse. Si elle avait fait une faut, c'était son problème. Naguère, avant l'"accident", elle l'aurait sûrement dorloté et tout ce que la meneuse ne désirait pas. Mais cet "accident" avait tout changer. Les corps éventrés de ses parents lui revinrent en mémoire. Elle remua les moustaches et chassa ses mauvaises pensées. La pluie s'apaisa et ne devint bientôt plus qu'un crachin. Des flaques de boue parsemaient le sol. Elle ne bougeait toujours pas.

»Elle regardait toujours le ruisseau. Une idée lui vint soudain. Une idée folle. Une idée qu'elle aurait eue il y avait plus d'une douzaine de lunes. Elle avança, lentement. Le ruisseau n'était pas très large. Environ deux longueurs de queue de renard. Elle trempa une patte. La froideur de l'onde qui tourbillonnait fit frissonner son échine. Déterminée, elle avança. Elle ne savait pas pourquoi mais elle savait qu'elle devait y arriver. Et elle ne savait pas non plus pourquoi. Mais elle avança. Avança jusqu'à ce que sa tête seule soit hors de l'eau. Et ce qui dut arriver arriva. Son petit corps frêle fut emporté par la puissance du ruisseau.

»L'eau tourbillonnait autour d'elle. Elle avait beau se débattre, résister, le courant l'emportait, furieux qu'un tel grain de sable, une telle brindille ose ne serait-ce qu'entrer dans l'eau, le mettant au défis. Fatiguée, la Guerrière compris qu'elle n'avait aucune chance. Les rapides approchaient. Bientôt, elle s'écartèlerait sur les rochers gris. Sans fin. Elle abandonna. Sa vie n'existait plus pour personne, de toute façons. Elle relâcha ses muscles, et les eaux tumultueuses enfoncèrent sa tête sous la surface de l'onde. Elle vit sa vie défiler, et entre deux images l'aperçut. C'était bien lui. celui qu'elle avait aimé. Puis ce fut le noir. C'était la fin.

L

Et snobbe moi pendant que tu y es, pauvre bête galeuse

Non mais elle est pas douée la siamoise, se noyer dans un RUISSEAU .___.

Et ouais, j'ai clamsé.

I remember everything. But why ?
»Je me souviens de toi...

» La fin... La fin de quoi ? Une vie comme un rêve, elle s'achève on l'oublie... Mais en cet instant, alors que Larme de Cristal était emportée, alors qu'elle aurait dût tout oublier, oublier sa souffrance, sa colère, sa haine... Sa lâcheté. Alors qu'elle aurait dût tout oublier, tout lui revenait. Et lui, sans cesse. Si La Guerrière avait pu pleurer, elle l'aurais fait. Mais le torrent emportait avec lui toute trace d'eau. Elle voulait bien se souvenir de tout, mais pas de ça. pas de lui. Elle se débat, comme voulaient briser les chaînes qui retenaient ces souvenirs dans sa tête, mais ils restaient là, toujours. Et ce qu'il lui avait dit. Un jour. «-Je t'aime. Et toujours, je t'aimerais. » Pourquoi ? Mais pourquoi ? La femelle aurait voulut crier. Pourquoi elle n'était toujours pas morte ? Certes, se noyer dans un ruisseau n'était pas facile. Mais à l'embouchure du ruisseau, il devenait une rivière. Et dans cette rivière, il y avait des rochers. Oulà, elle étaient arrivée très près du territoire du Clan de la Source là...

» Soudain, Larme de Cristal pris conscience des crocs qui enserraient sa nuque. «Vas-y, serre, qu'on en finisse », songea-t-elle. Mais non. Apparemment, le félin qui lui mordait le cou ne voulait pas la tuer. Au contraire. Elle essaya de réchapper à l'étreinte de son sauveur, mais ce dernier ne semblait pas vouloir lâcher prise. Puis la siamoise pris conscience de se qui risquait d'arriver : en voulant la secourir, le chat risquer de s'écraser sur les rochers à sa place. Un choc se fit ressentir. La Guerrière, malgré sa fatigue, se retourna et mordit à son tour la nuque du félin qui, elle s'en rendit compte, n'était autre que sa meneuse. Un grand soulagement envahit le corps de la chatte. Eu moins, même si elle avait perdu une vie, elle était toujours là. Et la siamoise allait se aire sacrément engueuler. Elle réussit à ramener sa meneuse, non sans mal, sur la berge. Oui, ils étaient biens sur le territoire du Clan de la Source. Elle s'en moquait éperdument. Elle s'effondra sur le sable. Elle se rendit compte de la lâcheté et de l'égoïsme dont elle avait fait preuve : en voulant fuir ses malheurs, elle avait risqué la vie de la chef d'un Clan, sans qui se dernier ne serait que folie et stupidité. L'anarchie complète.

» Elle regarda en direction de la forêt. La brise légère qui soufflait lui apporta une odeur de poisson. Aïe aïe aïe, pas bon dut out... Des Guerriers du Clan de la Source qui s'amenaient. Áa allait mal se terminer... Déjà qu'ils croyaient que la Guérisseuse du Clan de l'Orage avait violé leurs frontières...

...Et j'aurais aimé que cela ne se reproduise jamais.

~ Les yeux amusés de son ancien meneur se plantèrent sur elle. Le pelage roux du matou était aussi lustré que le poil blanc de la chatte. Ils échangèrent un long regard, puis le rouquin pencha doucement la tête. Il s'approcha en quelques pas de la blanche et posa son nez sur le front immaculé de la femelle. Et soudain .. Tout disparut.

~ Une grande bouffée d'air frais entra dans les poumons d'Etoile de Larme. Son "accolyte" venait de la traîner sur la berge - ennemie, sois dit en passant - et par là de la sauver d'une seconde noyade, vu que le Clan des Etoile ne la télétransportait pas encore hors de l'endroit où elle mourait. Parfait, elle pourrait se plaindre au service après-vente. A moins, bien sûr, que la guerrière alliée qui l'avait sortie de l'eau ne soit une envoyée du Clan céleste, ce dont la meneuse doutait. La blanche roula sur le flanc, observant l'autre chatte. Elle semblait inquiète. L'odeur qui monta aux narines de la blanche lui donna la raison. Des chats d'un Clan adverse. Celui de la Source, en l'occurence, vu qu'elles étaient légèrement en train de squatter chez eux. Et, comble de bonheur, la meneuse du Clan de la Source était une chatte des plus caractérielles, au goût de la blanche. Naturellement, qui se ressemble se reconnait. Se levant calmement, la petite blanche prit le temps de lisser rapidement son poil, sachant bien qu'il était trop tard pour rebrousser chemin. Lorsque son pelage fut un peu moins trempé, elle se tourna vers sa guerrière et échangea avec elle un long regard insistant. Tu me laisses parler et s'ils m'attaquent tu m'aides, semblait dire les yeux bleus d'Etoile de Larme. Puis elle s'étira, élégante, avant de se tourner vers les guerriers ennemis qui approchaient à bonne allure. Trois. Génial ça, en cas de combat, elles seraient en infériorité numérique. Un rapide regard vers le ruisseau la rassura toutefois : le gué n'était pas trop loin, elles ne devraient pas avoir trop de mal à se sortir de ce merdier. Par contre, leurs réputations étaient faites, là.

~ Une légère appréhension s'installa en elle. Sa réputation, c'était une des choses qui l'importait vraiment, et elle n'ignorait pas qu'actuellement, ça ne volait pas haut. Alors si elle rajoutait le glorifique grade de meneuse enfreignant le code du guerrier à son tableau de titres, ça ne le faisait pas trop. Surtout qu'elle commençait à vouloir se sortir de la merde où elle était. Immédiatement, ses pensées convergèrent vers Croc de Loup. Que dirait-il, lui, à la prochaine assemblée ou plus tôt, lorsqu'il apprendrait qu'elle avait pénétré le territoire ennemi ? Un frisson parcourut son échine. Elle faisait en sorte de se montrer digne de son grade, elle essayait de le rendre fier d'elle, et il avait fallu qu'en l'espace de quelques secondes, elle ne brise tous ces efforts. Non, pas elle. Larme de Cristal. C'était elle qui avait tout brisé. La siamoise, en plongeant dans le ruisseau, en voulant se laisser mourir, en la ressortant du mauvais côté. La blanche lui lança un regard de côté. Un regard noir, rageur. Si Il la dédaignait encore plus après, ce serait de sa faute, sa misérable faute, à cette pauvre bête galeuse de siamoise. Un miaulement la fit tourner la tête. La patrouille adverse était arrivée. Un léger sourire se dessina sur les lèvres d'Etoile de Larme.

« - Je suis sûre qu'on peut parvenir à s'entendre .. »

» Petits?