Désespoir.

C’est un simple chaton qui se tenait là. Une femelle d’environ six longues lunes. Elle était à l’entrée. Elle ne bougeait pas. Son magnifique pelage d’un gris bleuté brillait au reflet de la lune. Elle observait. Observait le territoire qui s’étendait à perte de vus devant ses yeux. De grands yeux d’un bleu rendu terne par la nuit se voilèrent un instant. Oubliant la vision de tant de liberté. Oubliant la vision d’une longue marche effréné. Oubliant ses rêves. O toi vision passagère, O toi vision éphémère. Tant de souffrance et de misère.

Devant cette vision si parfaite, mettez y des barreaux de fer. Un mur, indestructible. Un mur si haut, si haut… Devant le mur il y a l’océan. Non pas cet océan qui forment la passion…Non pas cette vision d’une mer aux vagues d’argent. Les ténèbres l’ont remplacés. Ils ont tout effacé. Laissant un noir profond tel un sable mouvant, où l’ont sombre doucement…

Entre les deux il n’y a pas de place. Ou si, une toute petite place. Assez pour faire tenir, une femelle aux yeux bleus. Assez pour faire tenir une vie éphémère. Si elle avance il y a le mur. Si elle recule il y a le noir… L’espoir et la facilité…La facilité du désespoir. L’espoir de gagner une guerre sans espoir. Un espoir de fou, un espoir dérisoire… Chaque pas nous éloigne un peu plus de la vie. Chaque larme nous enfonce dans la souffrance et les cris.

Naïve qu’elle était.. Elle a confondu, un abris et une cage. Se perdant dans les pensées des autres…Se laissant sombrer en attendant la mer…En attendant l’océan, capable de l’emporter…Elle, petite boule de poile, douce pluie, petit grain de sable effacé, incapable de résister à ce torrent oublier.
La tristesse l’englobant, elle ouvrit ses yeux océan. Seule à l’entrée. Seule à jamais…
Ne jamais dire jamais, c’est un besoin si pressant. Un besoin, une envie, un rêve. D’être un jour écouté…D’exister…D’oublier cette frustration, ce désir d’abandonner….Voilà comment on essaye de remonter alors qu’on est tombé…

Chaque mot n’est que poison, chaque son est une prison. C’est là que notre Pluie laisse une larme coulée, un espoir abandonné, tombant sur le sol glacé.

>>Patte Vive passa la tête a l'entrée de la pouponnière. Comme d'habitude, il ne dormait pas, et l'extérieur l'attirait irrésistiblement. L'air de la nuit était plus frais que la journée et le camp silencieux semblait presque irréel. Le chaton bicolore balaya la clairière du regard, ses yeux d'ambre luisant dans l'obscurité, avant de s'arrêter a l'entrée du camp, braqués sur une minuscule silhouette grise assise seule devant le tunnel de bruyère.

A pas de loups, Patte vive entama sa traversée du camp, sa fine silhouette se détachant a peine sur le fond velouté de la nuit. Son pelage noir le rendait si invisible que son menton et ses pattes blanches semblaient presque phosphorescents. Il s'immobilisa un instant lorsque l'obscurité s'épaissit avant de réaliser qu'il se trouvait dans l'ombre du promontoire. Le grands rocher gris projetait sa silhouette d'un noir encore plus profond que la nuit sur le sol de la clairière et la lumière de la lune semblait l'allonger a l'infini. Le chaton se fit tout petit en songeant que sa chef dormait sous le surplomb a gauche du rocher, même si il était hors de vue, et continua son chemin. Il finit par arriver derrière la boule de poils grise qu'il avait depuis un moment identifié comme étant Patte de Pluie.

-Tu dors pas, toi non pl...-

Il s'interrompit en se rendant compte que les yeux bleus de sa camarade brillaient de larmes et que l'une d'elles avait tracé un sillon humide sur sa joue. Patte Vive s'approcha encore et lui donna un petit coup de langue sur l'épaule. Pas trop familier mais réconfortant, parce qu'il ne la connaissait pas très bien mais ne pouvait pas rester sans réagir.

-Qu'est ce qui ne vas pas ?-

La question était toute simple, pas comme celles que le jeune mâle posait d'habitude, mais il cherchait juste a comprendre. A comprendre et a aider cette petite boule de fourrure grise qui semblait aussi perdu que lui au milieu des grands et des problèmes.

Ce fut ce bruissement qui la fit violemment sursauter. Elle trembla un instant fermant ses petits yeux océans.
Ce n’était que Patte Vive. Ses épaules se détendirent. Lui, comme elle était perdue.
Elle tressaillit quand une langue chaude et rassurant lui passa sur l’épaule. La boule de poil grise avait oublié la douceur et le réconfort.
Ce qui n’allait pas pou la jeune Pluie ?
Tout.
Ou plutôt rien n’allait.
Sa place, elle ne l’avait jamais trouvé et elle doutait d’un jour de la trouvait quelque part. Personne ne l’avait accepté ni comprise. C’était seul qu’elle continuait, revivant la même souffrance chaque jour. Chaque nuit. Pourquoi ?
Un simple pourquoi, sans réponse…Remplis de haine et de détresse. Adressé par la pensée à la toison argenté. Elle n’avait jamais parlé.
Puisse que personne ne l’avait écouté. Elle avait peur tout à coup de croisait le regard de Vive. Peur de le regarder en face. Peur qu’il la rejette comme tout les autres. Enfin elle murmura d’une voix étranglée.

« Je…..J’ai….J’ai peur… »

Ce dernier mot s’étouffa sans sa gorge sèche, et son regard se brouilla de larme. Elle n’arrivait pas à parler. Pourtant tout son être hurlait qu’il en avait besoins. Une haine dévastatrice passa dans son regard humide. Elle voulait tellement qu’on l’écoute. Qu’elle puisse parler librement. Et au moment où on lui accordait ce droit aucun mot de sortaient de la bouche de Pluie. A part un minable bégayement et un mot étranglé…

>>Patte Vive resta un instant muet, le temps de trouver une réponse a cette émotion, la peur, si simple à éprouver et si compliquée à expliquer. Patte de Pluie devait avoir le même âge que lui, peut-être un peu plus jeune, et elle éprouvait elle aussi l'envie de jouer, l'envie d'être réssurée, l'envie de grandir, bref tout ce qu'un chaton pouvait ressentir.
-Peur de quoi ? Moi aussi, il m'arrive d'avoir peur. Une fois, je dormais quand ma mère est partie chasser, je me suis reveillé et je me suis retrouvé tout seul dans la pouponnière. J'était terrorisé, j'étais perdu et je me sentais abandonné...ma solution c'était d'attendre que maman revienne et je n'ai plus eu peur. Dis moi ce qui te fait peur et on trouvera ta solution tout les deux, si tu veux.-
Il avait encore laissé échapper ce flot de paroles incontrôlé de sa bouche mais ne s'en inquiéta pas, pour une fois. La petite femelle grise lui serrait le coeur, il avait envie de l'aider. Et cette envie brillait doucement au fond de ses yeux d'ambre, comme un feu qui ne demandais qu'à réchauffer un coeur.

[.. je peux m'incruster ? =3 sans raison aucune, mais bon ^^"" ]