Chasse dangereuse

Une ombre agile fit un bond aisé au-dessus du rocher qui barrait l'étroit chemin. Elle continua dans l'ombre des buissons qui sillonaient la bande de terre. La silhouette se détacha de l'ombre du jeune arbre, et sembla s'efflammer. Coeur d'Etincelle secoua sa fourrure rousse, enlevant les piquants et les feuilles mortes qui encombraient son magnifique pelage. Il se lécha soigneusement une patte atteinte d'une légère coupure, et releva la tête, laissant ses yeux jaunes scrutés les alentours. Le chasseur aguerri guettait le moindre bruit, le moindre battement de coeur, la moindre ombre pouvant laisser deviner la présence d'une proie.
Il s'immobilisa soudainement, attendant le bon moment, et adopta d'instinct une postur de chasse parfaite. Il avança lentement jusqu'à une pierre, devant laquelle un rongeur cherchait de la nourriture. Il controlait parfaitement chacun des muscles de son corps, se déplaçant avec souplesse jusqu'à sa proie. Il ne souciait plus du monde alentour, ni du temps qui passait. Il ne se souciait que des rapides battements du coeur du petit animal qui lui faisait face. Il fit encore quelques pas, puis bondit brusquement, avant même que sa proie ait esquissé le moindre geste, puis l'acheva d'un coup de dents.
Il enterra sa prise, satisfait par sa chasse matinale. Voilà la troisième proie qu'il attrapait.

Il se redressa et continua sur le petit chemin. Il s'arrêta une nouvelle fois, devant un gros caillou difficilement franchissable, et leva le museau, cherchant à flairer une nouvelle proie. Il se raidit brusquement.
Un serpent.
Il se retourna lentement, une lueur paniqué voilant son regard jaune.
Immense.
Il ne savait plus quoi faire.
Il était perdu.
Il observa les dents menaçantes du serpent. Une morsure serait certainement mortelle.
Il s'imagina attaquant l'animal, sans succès. Même dans son imagination il se voyait perdre. Il tourna son regard vers le rocher dans son dos. Il avait besoin d'élan, la pierre était trop massive pour sauter sans élan, et trop lisse pour l'escalader.
Mais la prise d'élan était impossible, le serpent était trop près de lui.

Son esprit de guerrier analysa une nouvelle fois la situation, et avec une résolution deséspéré, il se prépara à bondir par dessus la roche.

>> Un sifflement de mauvaise augure hérissa le poil noir et blanc d'Ombre Vive.

Le guerrier chassait aux alentours des rochers aux serpents lorsqu'il avait sentit un de ses congénères. Ravi de voir quelqu'un, il s'était dirigé vers l'odeur en sautant de rocher en rocher lorsque le bruit froid avait retentit. Après avoir regardé autour de lui, le chasseur comprit que ce n'était pas lui qui était menacé. Il rampa sur le rocher pour arriver au bord et tomba sur une scène qui le glaça sur place. Cœur d'Etincelle était plaqué contre le gros cailloux au sommet duquel Ombre Vive se tenait et en face du rouquin se dressait, menaçante, une vipère de belle taille aux crochets découverts. Affolé, le guerrier bicolore ne prit pas le temps de réfléchir. Il bondit de son perchoir à une vitesse fulgurante et arriva sur le serpent avec la rapidité qui le caractérisait. Son pelage était hérissé à l'idée de recevoir une morsure mais il se devait d'agir.

Il tomba pile sur le serpent, toutes griffes dehors. La bestiole se tordit brusquement en tenta de le mordre et il ne dut qu'a sa vivacité, qui lui avait donné son nom, de ne pas se faire mordre jusqu'à l'os. Il se plaqua au sol pour éviter l'assaut de la vipère et referma ses crocs autour du cou écailleux de l'animal. Il fut parcourut d'un frisson au contact du corps lisse et froid de l'animal et serra les mâchoires, brisant net les vertèbres et la vie de la vipère.
Ombre Vive se redressa, chancelant, et leva les yeux vers Cœur d'Etincelle. Il haletait, essoufflé par son assaut, mais au moins il avait tué la sale bête et aucun des deux jeunes guerriers n'avait été mordu. A moins que la vipère l'ai fait avant l'arrivée du chat noir et blanc. Mieux valait s'en assurer.

-Tu vas bien ? Il ne t'a pas mordu ?

Le mâle se passa quelques coups de langue sur l'échine pour aplatir son pelage qui peinait a reprendre son volume normal. Bon sang, il avait vraiment eu peur !

Coeur d'Etincelle inspira une grande bouffée d'air.
Il allait tenter l'impossible, mais mieux valait tenter l'impossible que mourir sans rien avoir tenté.
Il allait sauter lorsqu'il fut surpris par un éclair noir et blanc. Tout se passa très vite. Le guerrier avait bondit sur la vipère, ne lui offrant aucune chance de s'en sortir. Le rouquin aurait du aider le chat bicolore, mais il était paralysé de peur, et ne pouvait esquissé un mouvement.
Le combattant planta ses crocs dans le cou du serpent, lui enlevant sa vie.
Ombre Vive.
C'était Ombre Vive.
Le chat bicolore, essouflé par son exploit, tourna son regard jaune vers lui.

-Tu vas bien ? Il ne t'a pas mordu ?

Coeur d'Etincelle mit quelques instants à comprendre que le matou s'adressait à lui, et il lui fallut encore quelques instants pour se rendre compte qu'il avait cessé de respirer. Il vida l'air de ses poumons, et recommença à respirer.

-Oui, oui, je vais bien.

Il regarda autour de lui, l'air hébété. Il était complètement perdu.
Il lui fallut croiser une nouvelle fois le regard jaune du guerrier pour qu'il comprenne qu'Ombre Vive lui avait sauvé la vie.

- Merci beaucoup Ombre Vive, balbutia-t-il du mieux qu'il pouvait, je ne sais pas ce qu'il me serait arrivé si tu n'avais pas été là.

Il sourit au guerrier bicolore, espérant lui montrer toute sa reconnaisance. Il espérait trouver un moyen de remercier réellement le matou.
Les émotions submergèrent d'un seul coup le rouquin, qui s'allongea, épuisé.

>> Ombre Vive ne haletait plus et scrutait Coeur d'Etincelle de des yeux jaunes, très lumineux. Le rouquin avait eu au moins aussi peur que le guerrier noir et blanc, dont le pelage commençait à peine à retomber malgré ses coups de langues. Son congénère regardait autour de lui l'air perdu, comme si d'autres vipères allaient surgir d'un instant à l'autre. Seulement le boucan qu'avait fait Ombre Vive en tuant celle qui gisait a présent a ses pattes les avait très probablement effrayées. Coeur d'Etincelle finit par s'allonger, l'air visiblement secoué.

-Merci beaucoup Ombre Vive, balbutia-t-il avec peine, je ne sais pas ce qu'il me serait arrivé si tu n'avais pas été là.

Gêné par le compliment, l'intéressé remua la queue et vint s'asseoir prés de combattant au pelage roux. Il lui donna un bref coup de langue sur l'oreille pour le rassurer et sourit d'un air bravache, en totale contradiction avec ce qu'il éprouvait en cet instant.

-Ce n'est rien. Et puis une fois la surprise passée, tu l'aurais massacré, cette satanée bestiole ! Je n'ai fait que te faire gagner du temps...

Jugeant qu'il était temps de changer de sujet, le guerrier bicolore se releva et creusa un trou ou il enterra la vipère. Se léchant les babines pour se débarrasser du gout bizarre des écailles, Ombre Vive regarda autour de lui et ses oreilles pivotèrent soudain sur la gauche. Parmi les buissons, un campagnol inconscient (et probablement sourd) dévorait un graine sans s'apercevoir du félin tapis derrière lui. Il ne s'aperçut pas plus des crocs qui se refermèrent sur lui. Normal, il était mort.
Revenant vers Coeur d'Etincelle, le chasseur posa le gibier devant lui.

-Tiens, mange, tu en a besoin. Tu chassais, je suppose... Moi aussi, ça te dit qu'on continue ensemble ?

Ce matin, lorsqu'il s'était réveillé, il avait attendu en douce que Tornade de Feu sorte de la tanière pour lui proposer de m'accompagner en patrouille, mais la jolie lieutenante rousse et blanche n'avait pas pointé son nez et, déçu,le guerrier était parti chasser seul, se demandant pourquoi il était si contrarié de chasser seul. Il supportait très bien la solitude, d'habitude... Oui, Ombre Vive était très fort pour deviner et comprendre les sentiments des autres, mais pour les siens, c'était une autre affaire...

Invité

Solitaire de bon matin, Soupir de brume avançait dans son élément. La fine brume qui recouvrait la forêt et les rocher aux Serpents déposait de fines goutellettes sur les poils fins de son pelage et sur les éléments du paysages. Pas une pierre, pas une feuille n'évitait la rosée matinale. Partie de bon matin pour rêver le vent, elle avait passé le plus clair de son temps à flanner dans les bois. Elle n'avait pas achevé ses proies. Elle s'était juste amusé à les pister, les débusquant dans les moindres recoints, la plus petite cachette où leurs petites pattes frèles avait pu les conduire. Sa la faisait sourire. Elle avait coincé une petite musaraigne par la queue mais sa petite frimousse lui avait dit qu'il n'était pas l'heure pour elle. Elel l'avait donc laissé partir. Elle s'était ensuite assise dans la fraicheur des sous bois, laissant l'odeur d'humus frais au pieds des arbres, de moisissure dans les feuilles mortes, de mousse feutrée, de baies rougeoyantes, de fleurs s'épanouissant au soleil, de fumets de campagnols remplire ses poumons. Elle inspirait profondement quand une odeur l'avait fait tiquer. Un odeur féline. Un mélange de feuilles de chènes, d'écorce, de campagnol juste tué et de chat. Elle avait relevé le museau, pour laisser le vent lui apporter cette odeur. Elle y avait finalement découvert le fin fumet du clan. Elle soupirat de soulagement, n'aimant pas se frotter aux chats des autres clans. Son odorat l'avait guidé vers le rocher au serpents, d'où l'odeur provenait. Une deuxième odeur avait rejoint. Mousse, bleuet et une troisième qu'elle n'identifiait pas. Et toujours le fumet familier du clan. Une odeur de peur flottait dans l'air ambiant, et l'ouïe fine de la jeune chatte avait cru percevoir un siflement de serpent près des roches. Restant à couvert, elle laissat ses oreilles capter les sons. Un coeur battant rapidement et le deuxième battant carément la chamade. Elle sortit des fourets. Elle sourit aux deux males. Ils ne l'avaient pas remarqué de suite, complenplant d'un air effrayé et incrédule quelque choses entre eux que Soupir Brumeux ne parvenait pas à distinguer. Son odorat l'informat de la nature de ce quelque choses. Une vipère. L'acidité de son venin lui chatouillait les narines, lui donnant une affreuse envie d'éternuer. Elle tenta de se retenir en voyant l'un des deux, celui avec un pelage noir et blanc. Elle vit d'un oeil embué -de larmes, à force de retenir l'envie d'éternuer- ses muscles se contracter pour bondir sur un campagnol imprudent. Sa vivacité la surprit. Il avait été rapide et silencieux. Comme tout bon chasseur. Maisil y avait eut comme un quelque chose en plus. Une vivacité qui n'était pas commune à tous les chats du clan qu'elle connaissait. L'acidité du venin finit par avoir raison de ses résolutions. Elle ne put plus retenir son éternuement plus longtemps. Un "Atchoum" sonore résonna contre les rochers aux Serpents et se perdit en contrebas dans la forêt. Elle se frottat la truffe d'une patte. Elle ouvrit ses grands yeux et regarda les deux males.

"Désolée."

Elle leur fit un pauvre sourire désolé. Ce n'était pas de sa faute si son nez était sensible. Elle cligant des yeux rapidement pour chasser les dernières traces de larmes qui restaient dans ses yeux aux pupilles verticales.

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