Debout, c'est l'heure de penser aux patrouilles !

La jeune meneuse s'ébroua : elle venait de faire un rêve dans lequel elle se voyait tomber dans le lac, et elle se sentait toute trempée. Néanmoins, l'air s'infiltrant facilement entre ses poils, cette sensation disparut rapidement.

Elle ne parvenait toujours pas à s'habituer au plafond de pierre de la tanière du Chef. Cela faisait pourtant plusieurs jours qu'elle se réveillait dessous ! Elle commençait à en connaitre la carte géographique des plaques de lichen et des traces d'humidité, mais elle était toujours aussi désorientée quand elle sortait du sommeil et qu'elle le voyait dès qu'elle roulait sur elle même pour trouver une position plus confortable avant de se lever.

La chaleur des autres guerriers de la tanière des guerriers lui manquait. Elle avait l'habitude d'entendre les ronronnements des uns et les respirations lentes et sifflantes des autres. Mais là, elle était seule, en tête à tête avec le silence et le froid.

Une brise légère mais glacée entrait dans la tanière, annonçant la lumière grise du matin qui la suivait comme son ombre. Comme toujours, l'air sentait l'humidité et la parfum sucré des herbes en décomposition.

Étoile Éphémère soupira : encore une journée comme les autres, où tous les guerriers, ses guerriers, la regarderaient avec un respect nouveau qui la mettrait mal à l'aise. Non pas qu'avant, elle fût traitée comme une carcasse de poisson pourrie, mais elle était considérée comme l'égale des autres, même lorsqu'elle avait été nommée Lieutenant : après tout, les Chefs ne meurent pas de sitôt, leurs Lieutenants ne sont, somme toute, que des guerriers qui se contentent de faire passer les ordres du Chef. Eh bien, si : un Chef peut disparaître comme ça. Elle en avait été choquée : comme chacun dans la Clan, elle pensait qu'il lui restait plusieurs vie ! Mais non, un seul mal vert avait suffit à la faire passer meneuse du Clan de la Source.

Elle se leva et s'étira. Baillant, elle se rassit et se gratta l'oreille en réfléchissant aux patrouilles qu'elle allait devoir organiser. Silence Aquatique avec Lac Mystérieux à la Rivière de Boue, ça faisait déjà un...

-Maman ?

Mon bébé…Attends-moi…Chaton, attends-moi…

-Maman !

Non ! Ne me laisse pas mon agneau ? Je t’aime ! Reviens ! Reviens ! Aïe ! Ma tête cogna le plafond de la tanière des guerriers. J’ai atterri sur le sol, me remettant de cet horrible cauchemar où je voyais mon chaton disparu tombé dans la rivière, me regardant en souriant. J’ai frissonné, essayant d’oublier ce passé encore tout frais. Elle avait disparue…Tout comme mon ancien clan, c’est tout ! Aujourd’hui je suis dans le Clan de la Source et c’est une magnifique matinée qui s’offre à moi ! Je suis sortie de la tanière, le froid matinal s’engouffrant dans mon pelage beige, quelques gouttelettes s’attachèrent à ma robe tandis que j’ai arpenté ce petit lopin de terre, silencieusement, alors que tout le monde dormait encore, rêvant de choses et d’autres…Le vent épousa mon pelage, est-ce toi Douce Brise ? Que viens-tu faire en cette belle matinée humide et belle ? Viens-tu me dire bonjour ? Oh Douce Brise...Transmets-leurs le bonjour de ma part s'il te plaît...

J'ai léché doucement ma cicatrice au flanc droit qui se faisait douloureuse. Franchement il faut que j'aille voir Brume Légère ! Si Etoile Ephémère vois ça, elle va me faire un scandale...Ce n'était pas le moment alors qu'ell venait à peine de devenir chef, fonction très importante ! D'ailleurs, il fallait que je discute avec elle...Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas parlés en tête à tête. Je me suis engouffrée dans la tanière du Chef, sourire aux lèvres, l'atmosphère devenant légèrement plus vivante dans cette tanière froide. Je me suis assise, disant d'une voix joviale :

-Comment va notre chef aujourd'hui ?

[désolé si c'est court, mais je n'ai plus le temps >.<]

[Non ça va, c'est pas trop court =). Au fait, ta signa est magnifique XD]

La femelle tricolore sursauta au son de la voix familière. Ses noires oreilles se pointèrent vers l'entrée de la tanière sur le fond lumineux duquel se détachait la silhouette sombre aux contours brillants de Fleur de Soleil. Immédiatement, cela la rendit de bonne humeur. Elle se leva et alla frotter son museau dans le pelage de son amie. Puis elle s'assit et toutes deux commencèrent à se faire mutuellement la toilette (on va dire que toi aussi, hein x)).

— La Chef ? Elle m'a dit de dire à quiconque me demanderait ça qu'elle se sentirait mieux si elle n'était qu'une guerrière comme les autres, avec comme seules préoccupations de chasser et de défendre le territoire, sourit-elle.

Elle songea que Cœur d'Océan serait sûrement ravi qu'elle démissionnât pour prendre sa place, mais en même temps elle pensait qu'il n'était pas encore à la hauteur. Elle au moins, elle avait été Lieutenant avant de devenir Chef, alors que lui ne l'était que depuis quelques jours... Tout comme elle était Chef depuis aussi longtemps. Peut-être un poil plus. Qui sait, peut-être qu'elle s'y habituerait ?

Alors qu'elle léchait consciencieusement le flanc légèrement poussiéreux de la chatte beige, elle sentait quelques chose de bizarre sous le pelage. Impossible d'expliquer pourquoi, mais ce n'était pas normal. Et, de plus, il lui semblait qu'elle frissonnait à chaque fois qu'elle passait sa langue à cet endroit ; mais ce n'était probablement qu'une impression.

— Et toi, tu as bien dormi ? lança-t-elle innocemment.

Elle guettait quelque réaction étrange de son amie tandis qu'elle appuyait un peu plus sur l'endroit étrange. Oui, décidément, c'était anormal : il y avait comme une bosse ou un creux, peut-être les deux côte à côte, et une odeur... malade. À cet instant, elle regrettait de ne pas être Guérisseuse. C'était sûrement plus facile que d'être Chef, d'ailleurs. Quoique... savoir que chaque plante qu'on donne à un chat, chaque diagnostic peut sauver ou tuer la personne, ce devait être stressant. Mais c'était extrémiste, comme pensée.

Au moment où Fleur de Soleil se tournait, la meneuse remarquait la cicatrice grossière qu'elle léchait tout à l'heure. Elle ne l'avait d'abord pas vue car les poils beiges de son amie couvraient en partie la balafre. Lorsqu'elle posa son flanc abîmé sur le sol nu de la tanière, elle remarqua un frémissement certain de la beige. Elle n'avait pas rêvé : cette blessure n'avait pas cicatrisé correctement, elle n'avait pas besoin d'être Guérisseuse pour le constater. Elle fronça les sourcils mais elle n'eut pas le temps de réprimander Fleur de soleil, car celle-ci lançait un encouragement auquel elle ne put s'empêcher de réagir :

— Ne t’inquiète pas, tu
t’y feras ! L’ancien Chef ne t’a pas donné le poste de Lieutenant pour
rien ! Je suis sûre qu’il savait qu’à sa mort, tu ferais un merveilleux
chef ! Aie confiance ! Tu feras de très bonnes choses pour ton Clan
j’en suis sûre !

— Non ! s'exclama la tricolore qui détestait les compliments encore plus que les insultes, surtout en ce moment. Il ne pensait sûrement pas qu'il disparaîtrait si tôt ! Je n'ai... J'ai à peine eu le temps de m'habituer au poste de Lieutenant. Si je l'ai accepté, c'est qu'il voulait nommer un autre guerrier encore moins compétent que moi... Mais Chef ! Je ne suis pas à la hauteur. Je ne l'ai jamais été !

Étoile Éphémère frissonnait à présent. Elle avait presque oublié la blessure de son amie. Elles avaient arrêté de se laver. Elle contempla les yeux bleus profonds de Fleur de Soleil, couleur qui tranchait si agréablement sur son pelage doré. Elle-même n'était pas laide non plus, mais Fleur de Soleil avait un charme qu'elle ne possédait pas. et elle était presque hypnotisée par ce regard.

Au point qu'elle en vint à oublier totalement la blessure mal refermée. Elle se rendit compte qu'elle avait bondi sur ses pattes, et elle se rassit. C'était étrange, les yeux de son amie l'avaient calmée...

— Heureusement que tu es là pour m'aider. Les autres ne t'aiment pas parce que tu es une étrangère, mais tu es pourtant de bon conseil.

Elle soupira et suivit le regard de son amie qui avait tourné la tête vers l'entrée de la tanière. La lumière inondait à présent le seuil. Il serait bientôt temps de sortir demander à Cœur d'Océan d'organiser les patrouilles, d'aller voir si les reines dans leurs pouponnières allaient bien, de s'enquérir des progrès des apprentis, de vérifier les réserves de plantes médicinales de Brume Légère...

Tiens, d'ailleurs, penser à Brume Légère lui rappelait quelque chose qui s'échappait dès que sa mémoire arrivait à s'en approcher.

—Si je suis de bon conseil comme tu le dis, alors pourquoi contredit-tu mes dires ? Ou bien, insinues-tu que notre ancien Chef était bête ? Chaque Chef sait qu’il peut mourir d’un moment à un nôtre, même avec ces neufs vies ! Il a prévu le coup, intelligent…C’est l’adjectif que tout Chef doit avoir dans son caractère, tu es intelligente Étoile Éphémère, tu as la caractéristique première, fais-en bon usage et ne te rabaisse pas. Aies confiance en mon jugement, tu verras que je dis la vérité.

Étoile Éphémère fut surprise de la violence de l'éclat. Fleur de Soleil, d'habitude si calme et posée, s'énerver ! Silencieuse, elle détourna tristement les yeux : il ne servirait à rien d'essayer d'avoir raison avec elle. Elle s'était lancée dans son culte-de-sa-Chef-et-meilleure-amie-Étoile-Éphémère et si quelqu'un osait contredire la magnificence de sa divinité, même l'objet de ce culte en personne, elle serait capable de lui sauter à la gorge : et pouf, plus de divinité, elle est dans le Clan des Étoiles et se fait officiellement canoniser. La meneuse soupira mentalement. Elle préférait encore aller s'occuper des patrouilles et des problèmes du Clan que supporter Fleur de Soleil s'enflammer pour elle.

Quelque chose se rappela à sa mémoire... S'éclaira soudainement, et fit naitre sur le minois de la femelle tricolore un sourire machiavélique : elle serait débarrassée de la beige !

— Dis moi, ta plaie s'est très mal refermée... (elle retint à grand peine un gloussement vengeur) Et si tu allais voir Brume Légère avant que je ne t'exile pour avoir montré le mauvais exemple aux guerriers ?

[Désolée, là j'avais pas du tout d'inspiration --' Et j'avais plus de temps.]