Rien... Il n'y a jamais rien ici...

Au moins, si je viens là, ça pourra expliquer pourquoi je ne ramènerai pas de proie. Cette fois encore. Je suis désespérée. Le Clan des Dunes est connu pour accueillir les meilleurs chasseurs du fait de la rareté du gibier, et pourtant je suis probablement la moins douée de tous les clans. Je n'ai pourtant pas eu un traitement différent des autres. Je suis née nulle...

La maigrichonne chatte se fondait parfaitement dans le milieu beige du sable. Ses yeux, baissés vers le sol pour ne pas se brûler à la sécheresse du désert, étaient à demi fermés par la fatigue et la honte. Leur vert éclatant aurait pu faire naître une étincelle de vie dans le paysage uniforme, mettre un semblant de végétation, si elle les eût levés et ouverts. Mais il fallait se trouver juste entre son museau et le sable pour apercevoir leur couleur. La peau de son échine couvrait à peine ses os dénudés de chair. Ses côtes transparaissaient sous son pelage sale et sa queue trainait presque dans la poussière.

Menthe Poivrée n'avait aucun espoir quant à une capture de lézard. C'était à peine si, dans toute sa vie, même si elle était courte, elle avait réussi à attraper une dizaine de petits animaux. Elle avait toujours vécu dans la honte. Elle n'avait été nommée guerrière que parce qu'il était impossible qu'elle progressât. On ne pouvait pas garder un apprenti de quarante lunes. Elle n'en avait que vingt-et-une. Mais c'était déjà trop. De mémoire d'Ancien, jamais un apprenti ne l'était resté si vieux. Comme elle eût aimé savoir chasser ! Être comme tous les autres ! Ne plus subir les regards méprisants des membres de son propre clan. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus d'amis. Elle en avait eu une, un jour... Mais elle ne se rappelait plus qui. Juste des jeux heureux...

Une ombre fraîche la frôla. Il était inutile de lever les yeux pour savoir qu'il s'agissait d'un aigle. Elle frissonna : si elle mangeait peu pour sa punir de son incompétence, elle avait trop peur de mourir. Et être tuer pas un aigle n'était pas, à son avis, une mort spécialement indolore, moins encore agréable. Elle s'était souvent demandé comment elle eût voulu mourir. Elle n'avait toujours pas trouvé la réponse. Peut-être pendant son sommeil ? Ou miraculeusement, quand un guerrier du Clan des Étoiles viendrait la chercher et l'emmener paisiblement dans son monde, sans la tuer véritablement, juste en la faisant disparaître de la mémoire des chats... Elle n'en avait aucune idée. Elle pressa le pas afin de signifier au rapace qu'elle n'était pas une proie facile — ce qui était totalement faux, elle était plus facile encore à attraper qu'un l%Proxy-Connection: keep-alive
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zard géant endormi.

N'ai pas peur,
je suis là.

Comme habituellement, le félin tigré trainassait, ne cherchant pas vraiment la solitude ou la compagnie. Les récentes discussions avec divers félins, à savoir son apprenti, Etoile Fauve et Petite Aile, lui avaient d'ailleurs procuré assez de salive pour tenir une lune. Donc il traînait, chassant quand une proie avait le malheur de croiser son chemin, et n'attrapant pas grand chose, vu qu'il était trop nerveux pour attendre que les vipères maigrichonnes ne se jettent dans ses pattes en demandant de l'aide pour quitter ce monde aride. Aide que, dans ces rares cas, Reflet d'Epines se pressait de donner, bondissant sur les serpents malgré leurs crochets venimeux qui auraient put le tuer en moins de deux. Non pas qu'il était particulièrement courageux, les vipères le terrifiaient autant que les autres, mais il avait la dalle, tout simplement, et remplir le garde manger, même de serpents immengeables et plein d'écailles, était son rôle. Mais, hélas, c'était souvent tout ce qu'il parvenait à attraper : en effet, comme Menthe Poivrée, Reflet d'Epines était un bien piètre chasseur, quoi qu'il compensa efficacement par son énergie et son acharnement au travail. Il n'était peut-être pas patient, mais il ne laisserait pas tomber, s'énervant rapidement sans abandonner pour autant. Au contraire, qu'on lui résiste le faisait tant enrager qu'il redoublait d'effort. Ce qui n'était pas le cas de sa camarade, Menthe Poivrée. Elle essayait, mais n'y arrivait pas. Et tous étaient incapables de l'aider. Il fallait le dire franchement, elle était une merde. Elle vivait au crochet du Clan, tentant de l'aider sans y parvenir. Si lui, il était mauvais traqueur, il s'exercait énormément, partant le matin à l'aube et le soir au crépuscule pour tenter d'attraper les quelques proies que la fraîcheur de la nuit faisaient sortir.
Un aigle passa au desus de lui. Le regard émeraude du félin s'étrécit. Les rapaces étaient friands de cadavres, et il ne doutait pas que celui-ci guettait un rongeur, qu'il soit mort ou vif. Ses prunelles devinrent des fentes lorsque l'oiseau se laissa peu à peu tomber. Il avait vu une proie et ne semblait pas pressé. Lorsqu'il découvrit qui était la proie, Reflet d'Epines bondit en avant. Sous l'effet de l'adrénaline, son coeur accéléra, tandis qu'il fonçait vers l'aigle, prêt à lui bondir dessus pour épargner une vie innocente. Un cri, un seul, sortit de la bouche du tigré. Un nom. Celui de la proie.
« MENTHE POIVREE !! »
Il déboula, la percutant sans délicatesse, tandis que l'aigle remontait, apeuré par le cri. Sans doute ne pourrait-il pas chasser avant un moment, mais il s'en foutait totalement. En journée, peu de proies sortaient, alors que son cri les ai fait fuir ou non, il n'y aurait pas vraiment de changement. Le silence oppressant des territoires arides du Clan des Dunes ainsi que la chaleur étouffante et le manque d'eau étaient les trois principales raisons du manque de gibier. Et c'en était d'assez bonnes pour que la disette soit fréquente et que les chats du Clan des Dunes doivent organiser des expéditions de chasse jusqu'au chemin noir, l'un des rares endroits où la nature avait repris ses droits. Une route s'étendait jadis, désormais recouverte d'herbes et devenue repaire de toutes sortes de rongeur.
L'aigle poussa un cri, ramenant le félin à la réalité. Il venait de sauver la sous-merde du Clan. Ce n'était certe pas aussi glorieux que si il avait épargné la vie de la meneuse, mais grâce à cela, la chatte aurait une dette envers lui, et c'était toujours utile. L'ombre passa une dernière fois au dessus d'eux, avant de partir vers d'autres horizons, comprenant à son grand dépit que les chats du Clan des Dunes n'étaient pas décidés la laisser s'emparer des vies de leur semblables.
« Ca va, Menthe Poivrée ? » murmura-t-il d'une voix légèrement inquiète.
[ Epines, sauves-nous touuutes ♪ ]

«MENTHE POIVRÉE !!!»

Un dixième de seconde après que le cri eut fusé, une masse puissante la percuta et la projeta à terre. Elle roula dans la poussière, aveuglée par le sable dans ses yeux. Un aigle — probablement celui dont elle avait vu l'ombre un instant auparavant — cria. Elle ne comprenait rien. Une fourrure bouillante était plaquée contre elle.

«Ça va, Menthe Poivrée ?» demanda une voix inquiète qu'elle ne reconnaissait pas.

Elle fut profondément émue par ces simple mots. Elle, la moins que rien... Et quelqu'un voulait la sauver ? L'avait sauvée ? De quoi ? Elle toussa, la gorge sèche. Cligna plusieurs fois des yeux et se les frottant avec sa patte. Elle les ouvrit. Le désert était flou. Elle recouvrit le contrôle de ses sens et tourna la tête vers son sauveur.

«... Reflet d'Épines ?»

Lui ? Il n'avait jamais manifesté la moindre attention à son égard. Pourquoi maintenant ? Ses yeux verts se remplirent d'une lueur d'adoration humide. Qu'elle savait pertinemment n'avoir aucune chance de voir apparaître dans ceux du félin en face d'elle. À ses yeux, elle était certainement une fiente d'aigle. Et le Clan des Étoiles savait si une fiente d'aigle pouvait séduire un chat. Même un des pires chasseurs. Il lui semblait que lui non plus n'était pas très dégourdi... Mais il était impossible qu'il fût pire qu'elle.

C'était amusant. tous deux portaient des noms pleins de piquant, alors qu'ils étaient les moins "piquants" du clan. À part peut-être le mauvais caractère de Reflet d'Épines...

«Que se passe-t-il ?»

[Ouh, pas d'inspi le dimanche matin -_-']

« Ce n'est pas une bonne idée
que de m'admirer. »

Oulah oulah. Il y avait un petit problème dans la théorie du tigré. Il avait oublié le fait que la guerrière était une moins que rien, une ratée, et qu'en la sauvant, il commettait deux erreurs : déjà, il faisait perdre du gibier au Clan en permettant à cette incapable de manger, et ensuite, il y avait plus que de fortes chances qu'elle ne s'attache fortement à lui, le suivant où qu'il aille dans une sorte d’idolâtrie collante et surtout, dérangeante. Lorsqu’il croisa le regard, ses craintes se confirmèrent. Ces yeux pleins d’admiration .. MERDE. Si elle s’attachait à lui, il était foutu. Adieu, longues flâneries en solitaire dans les dunes, adieu, paisibles entraînements avec Nuage de Buisson .. Et surtout, adieu les têtes à têtes avec Etoile Fauve. Il aimait manger seul avec elle, et ces derniers temps, cela arrivait plus souvent qu’auparavant. C’était réjouissant que de voir la meneuse faire rire le grand tigré, lui donner des coups de tête amicaux et le guerrier répondre en la renversant sur le côté, jouant comme un chaton. Si Menthe Poivrée se mettait à le coller .. Tout ça, c’était à oublier.

Il soupira. Elle le laisserait peut-être en paix, qui sait ? Espérant malgré lui, il replantant ses froides prunelles vert clair sur la chatte, l’écoutant demander d’une voix faible ce qui s’était passé.
Ah, tu veux savoir ? Tu as failli te faire bouffer par un aigle comme la pauvre loque que tu es et j’ai du m’éclater les cordes vocales pour te faire bouger, ce que tu n’as pas fait, aussi il a fallu qu’en plus je me pète les pattes à venir te chercher.
Il retint un grognement de mauvaise augure, son regard se durcissant légèrement. Non mais quelle pauvre tâche celle là. Ses moustaches frémirent. Il devait faire en sorte qu’elle ne le suive pas, et pour ça, il avait une technique excellente. A savoir, jouer la carte du misanthrope hargneux et antipathique. Même si elle n’avait pas l’intention de le coller, il ne tenait pas particulièrement à ce que le Clan le pense ami avec .. avec ce fardeau ! Sa queue fouetta le sable, tandis qu’il répondait d’une voix glaciale :
« Ce qui c’est passé ? Pauvre imbécile. Tu as failli te faire gober tout rond par une bestiole qu’un apprenti aurait envoyé en enfer ! Ouvres les yeux quand tu sors, merde ! Tu ne rapportes rien à bouffer, évites au moins de nourrir les charognards en crevant lamentablement dès que tu es seule ! »
Il avait craché ça, froid, ses yeux s’étrécissant en fentes, émeraudes de colère et de dégoût. Son poil s’était légèrement hérissé sur sa nuque, et sa tirade s’était finie en feulement. Menthe Poivrée était une moins que rien qui vivait au crochet du Clan et, qui plus est, elle en avait conscience. Un instant, la cruauté de ses mots reflua en lui. Avait-il réellement le droit de l’engueuler comme ça, pour .. rien ? Non, bien sûr que non .. Mais il l’avait quand même fait, parce qu’il la voyait errer depuis toujours, comme une pauvre âme en peine. A une époque, il avait éprouvé de la sympathique pour elle, ressentant le même abattement, la même impression d’abandon, si ce n’est que lui, il avait « cicatrisé ». Façon de dire. Il s’était tué à la tâche, plutôt, chassant tant qu’il compensait son manque de patience, entraînant Harmonie sans interruption, quelque soit l’heure du jour ou de la nuit, quelque soit le temps, la saison ou leurs conditions physiques : il avait, en peu de temps, fait de la chatte une guerrière vaillante et une chasseresse attentive. Elle l’avait même dépassé en cette matière, bien qu’en combat, il excellait toujours, son corps musclé et puissant l’avantageant sur la petite. Et puis il y avait son caractère à lui. Violent, d’abord. Ceux qui se battaient avec lui sortait toujours pleins de morsures et de griffures, vu qu’il compensait sa médiocrité à la chasse par un art du combat excellent. Un peu comme un certain Etoile du Granit, qui avait mené un Clan avec brio tout en se battant dès qu’il voyait une certaine Etoile de Sang, ou Etoile Sanglante, Epines ne savait plus trop. Ensuite, glacé. Il était solitaire de nature et n’hésitait pas à envoyer merder ceux qui s’approchaient trop de lui, enfin, avant. Avant que sa Rose ne meure. Après cela, il était devenu plus froid encore, parlant à peine. Regardant à peine les gens. Il s’était exilé dans ses souvenirs, maître de son silence, de ses regrets. Puis Etoile Fauve lui avait ouvert les yeux. Petite Aile et Nuage de Buisson aussi. Il avait recommencé à parler, sans pour autant faire le premier pas. Il avait triomphé sur son mal, lui. Pas elle. Elle se traînait lamentablement, pathétique chatte décharnée. Qu’elle essaie de chasser ! Qu’elle cesse d’abandonner sans même essayer ! Ce comportement était misérable. C’était pour ça, pour ça !, qu’elle le dégoûtait. Parce qu’elle était lamentable, pathétique et misérable.
Parce qu’elle n’était qu’une pauvre tâche.

[Ah ah ! Je me marre trop ! %D]

« Ce qui c’est passé ? Pauvre imbécile. Tu as failli te faire gober tout rond par une bestiole qu’un apprenti aurait envoyé en enfer ! Ouvres les yeux quand tu sors, merde ! Tu ne rapportes rien à bouffer, évites au moins de nourrir les charognards en crevant lamentablement dès que tu es seule ! »

Sas paroles étaient glaciales, pleines de méchanceté et de dégoût, cruelles, et n'importe quel autre les ayant dites aurait blessé profondément Menthe Poivrée. mais elle ne voyait plus qu'une chose : Reflet d'Épines l'avait sauvé. D'elle ne savait pas vraiment quoi, mais sauvée tout de même. À ses yeux, il cachait ses sentiments pour elle et faisant semblant de l'agresser.

Idiote ! Ses pensées se combattaient dans sa tête, mais celles qui lui soufflaient qu'il avait très certainement un faible pour elle occultaient complètement les autres au point qu'elle ignorait leur existence même. Oui, rien n'était plus sûr qu'il éprouvât des sentiments pour elle. Comment ? alors même qu'elle était la pire charogne du Clan ? D'un côté, très important, elle en était ravie : l'amour est inconditionnel. Mais de l'autre, ne devrait-elle pas faire un effort pour mériter son attachement ?

«Reflet d'Épines, que ne ferais-je pas pour toi, à présent ?» songea-t-elle avec douceur.

Oui, pour l'amour de lui, elle couvrirait tous ses besoins et ses envies, le rendrait fière d'elle : elle s'entraînerait dur pour lui prouver qu'elle était digne de son attention. Désormais, il n'était plus question pour elle de se priver de nourriture ; quelqu'un reconnaissait son existence, semblait y tenir, et jamais plus elle ne pourrait vivre, ou mourir, sans lui. Plus question non plus de se négliger : elle lustrerait sa fourrure tout le temps, irait se parfumer aux herbes du désert, prendrait la posture fière et magnifique des plus belles femelles de son clan. Deviendrait la meilleure pour plaire encore plus à Reflet d'Épines.

Au fond d'elle, une pensée noire bruissait langoureusement : ne ferait-elle pas tout cela seulement pour ne pas le perdre ?

Un léger ronronnement s'échappa de sa gorge et mourut dans l'air sec. Elle cracha un filet de salive pleine de grains de sable.

«Je suis désolée... et merci.»

Le soleil tapait fort et pourtant elle sentit la chaleur envahir son museau. elle n'était pas douée pour parler ! Elle n'était douée en rien. Mais elle aurait tant aimé lui avouer ses sentiments, réciproques croyait-elle. Alors s'ils l'étaient, pourquoi ne pas le faire ? elle ne craignait rien. Que pouvait-il lui arriver de pire ? Elle était déjà la honte du clan, des clans.

Être méprisée par celui qu'elle aimait ? Que risquait-elle ? Puisqu'elle était si sûre que lui aussi...

[Wai ! Plus rouge, Patte d'Épines, plus rouge ! XP]

~ Pas possible.

Ce n'était pas possible. Il n'avait quand même pas pu faire une connerie aussi énorme .. Il déglutit en voyant la lueur dans le regard de la chatte. A nouveau lorsqu'elle se lècha la patte, puis le poitrail. Un long frémissement d'angoisse parcourut son échine quand elle lui répondit d'une voix .. changée. Plus assurée. Plus féminine. C'était l'apothéose du désespoir. Alors qu'il pensait s'en sortir, alors qu'il était intimement persuadé qu'il aimait Etoile Fauve, que Nuage de Buisson était le meilleur apprenti qu'il formerait et que Petite Aile le considérait comme un père ou un frère, il avait fallu que cette .. cette chose vienne tâcher le délicat tableau de la vie du félin tigré. Qu'elle réduise à néan ses espoirs et ses efforts. Il s'ouvrait enfin au monde, et elle revenait le hanter de doutes. Est-ce que seule la charogne qui pesait, telle un fardeau, sur le Clan était capable de l'aimer ? Se faisait-il des illusions sur ce qu'il pensait être de l'amour de la part d'Etoile Fauve ? Nuage de Buisson avait-il pitié de ce félin qui se clamait mentor ? Et Petite Aile, avait-elle honte de ce matou qui se considérait comme son père !? Il ferma les yeux, tandis que sa respiration s'accélérait, réfrénant tant bien que mal l'envie de pleurer qui le hantait. Non. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas se contenter de cette vie misérable, il ne voulait pas rester entravé par les chaînes de son chagrin, lui, ce si beau félin au visage d'Adonis, auquel s'ajoutait pourtant le caractère renfermé et froid de Vulcain. Il se savait capable de plus que ça, il avait l'intime conviction qu'il aurait pu avoir une meilleure vie, un destin plus glorieux et l'admiration de ses proches. Et pourtant, il restait à ce grade déshonorant de félin rattaché à sa douleur, à son passé, incapable de penser au présent et au futur.

~ Il secoua la tête, émergeant d'un coup de ses pensées. Menthe Poivrée était là, et au fond de ses yeux, il croyait discerner cette lueur de pitié qu'il haïssait tant. Croyait seulement.
Croyait quand même.

~ Peu à peu enfla en lui une sourde colère. Alors ainsi, le Clan des Etoiles désirait jouer à cela ? Il voulait le faire souffrir, le torturer en lui envoyant Menthe Poivrée ? Et bien soit. Malgré le respect qu'il avait envers la céleste et divine tribu, cette dernière se heurterait à un mur de résistance. On ne déciderait pas de son destin à sa place. Sa queue tigrée claqua, il releva son menton blanc d'un cran, puis un sourire délicat, perfide, se dessina sur ses lèvres. Ses yeux s'étrécirent légèrement, fixant son interlocutrice, puis il susurra d'une voix mielleuse, doucereuse :

« ~ Menthe Poivrée, sais-tu que je t'apprécie .. ? Tant que je vais te faire part d'un de mes secrets .. Celui que je garde le plus jalousement, de peur qu'il ne s'ébruite. Mais je te fais confiance, et tu mérites cette confiance, n'est-ce pas .. ? »

~ Silence.
Il se détestait. Mais si il n'y avait que cette solution, alors soit. Il s'en servirait.

« ~ Je suis fou amoureux d'Etoile Fauve. Je l'aime tant, et elle est si sympathique avec moi .. Je ne doute pas un instant qu'elle partage mes sentiments .. On joue ensemble parfois, comme des chatons, je sens son corps musclé contre le mien, frémissant de puissance .. Elle est si belle, si sensuelle .. Elle est gentille avec moi et elle me pardonne tout, même mes médiocrités à la chasse .. Je l'aime tant ! »

~ Il laissa planer un silence, son regard se faisant vague, son sourire doux. Pourtant, au fin fond de son être, il se haïssait. Il se détestait lui même, il éprouvait ce profond dédain à son encontre .. Cette folle envie de partir, de tout recommencer le hantait, le poursuivait, mais il en était incapable. Son amour à Etoile Fauve le retenait ici, ainsi que les liens qui l'unissaient à Nuage de Buisson et à Petite Aile. Une ombre passa au dessus de leurs têtes. Il leva le regard, autant pour voir qui volait dans le ciel que pour masquer à Menthe Poivrée le message de ses yeux.

~ Excuse moi.
J'ai mal, si mal, tu ne peux pas imaginer combien .. Je ne veux pas que tu souffres autant. Je ne veux pas que tu t'attaches à moi. Je ne veux pas non plus m'attacher à toi .. C'est bête, si bête, mais c'est comme ça . Tu découvres peu à peu ma devise .. « Ne jamais dépendre de personne et ne jamais laisser personne dépendre de moi. » Je sais que si tu m'aimes, tu te raccrocheras à moi, tu me prendras un peu pour un mentor, pour tout ce qu'on t'a arraché .. Mais je ne veux pas. Je ne peux pas.
Je ne peux pas, parce que le soleil et la lune ne peuvent se retrouver. Je ne peux pas parce que terre et ciel ne feront jamais un. Je ne peux pas parce que les arbres ne toucheront pas les étoiles. Je ne peux pas parce que les mulots ne mangeront jamais les chats. Je ne peux pas parce que trop de chose nous sépare. Je suis le soleil et toi la lune. La terre et toi le ciel. Les arbres et toi les étoiles. Les mulots et toi les chats. Je ne peux pas, tout simplement.

~ Et je ne veux pas, parce qu'en revanche, les ombres peuvent se fondre l'une et l'autre.

[ Premier RP depuis un moment, pour des raisons que tu connais. Tu comprendras que ce soit un peu tiré par les cheveux .. ]

» x. De tout &&De Rien ...
» # Peut rien y faire. Ich lie bedich, LGDCat Life..